Catégorie :
Quartiers & Mairies
Municipalité /
Quartier :
Fatih
-
Corne d'Or
Quartiers ou Mairies voisin(e)s :
Zeytinburnu,
Eyüp
Situation : centre historique
(ouest et est)
Visite privée du quartier :
Istanbul Insolite Ltd
La
municipalité de Fatih couvre toute la péninsule
historique de l’ancienne ville de Constantinople
que l’on appelle parfois Stamboul et d’où le nom
actuel de la ville est tiré.
Initialement, la municipalité de Fatih ne
recouvrait que la partie ouest, tandis que la
municipalité d’Eminönü s’étendait sur la partie
est. En 2008, la première a absorbé la seconde
passant ainsi de 460 000 habitants à 510 000
(2010).
Le symbole de la Ville des villes :
Sainte-Sophie
L’Histoire de Fatih est donc l’Histoire de
Constantinople dont nous nous contenterons ici
de signaler que la ville antique portait le nom
de Byzance et la ville romaine (d’Orient), plus
tard
ottomane,
portait le nom de Constantinople en
français, Konstantinopolis en grec et
Konstantiniye en turco-ottoman. Elle perdit son
rôle de capitale lorsque la Turquie devint une
République (1923) et changea de nom en 1930.
Depuis lors, on l’écrit en turc « İstanbul » et
en français
depuis les années 1950
« Istanbul ».
Jusque là, on utilisait encore la forme « Istamboul »,
complètement désuet de nos jours et même disparu
du dictionnaire francophone.
Avec une Histoire plus que bimillénaire, il est
forcé de trouver une concentration de monuments
d’époques différentes sur tout ce périmètre.
Néanmoins, comme la ville a continué de vivre et
de prospérer sans interruption depuis sa
création par des colons venus de Grèce, les
périodes très anciennes sont aussi très
fragmentaires. Les temples ayant été transformés
en églises qui ont-elles-mêmes été transformées
en mosquées, pour une partie en tout cas. Les
incendies et les tremblements ont largement
contribué au renouvellement des monuments de la
Ville des villes, même si souvent des matériaux
ont été réemployés pour la construction de
nouveaux bâtiments.
D’un bout à l’autre des 8 km qui séparent la
Pointe du Sérail aux
remparts de Théodose II,
les quartiers de la ville sont parés de
magnifiques mosquées, de palais, de demeures de
pachas, d’écoles et de bibliothèques.
Les sept
collines de la presqu’île sont coiffées de
mosquées impériales dont les dômes et les
gracieux minarets donnent cet horizon si typique
à la Perle du Bosphore.
Les vallées qui séparent les collines sont le
plus souvent pourvues de quartiers populaires ou
de zones artisanales et de marchés. Ainsi, entre
la 2e et la 3e colline sur
plusieurs kilomètres carrés, on trouve une
succession de bazars, de caravansérails (hans)
et de marchés de toutes sortes. Un spectacle
quotidien et pratiquement permanent qui enchante
les visiteurs et passionne les Stambouliotes.
Naturellement, il n’y a pas que des quartiers
bouillonnants
dans cet immense espace. On y trouve également
des zones plus résidentielles, mais toujours
populaires et toujours avec un petit centre et
un marché hebdomadaire.
Sur tout le territoire de la mairie de Fatih on
trouve des monuments,
des marchés ou
des musées
ayant un intérêt. Les touristes sont loin d’en
faire le tour lorsqu’ils sont à Istanbul pour
quelques jours et se concentrent entre
le
Grand Bazar
et
le palais de Topkapı, négligeant ainsi
la plus grande partie du territoire de
l’ancienne Constantinople et les quartiers
historiques en dehors de la municipalité de
Fatih (Eyüp,
Galata,
Péra,
Pangaltı,
Üsküdar,
Kadıköy, etc.).
La colline palatine, la première des sept, est
incontournable. Bien que n’étant pas habitée,
elle possède sur ses hauteurs les plus
prestigieux des monuments stambouliotes :
Sérail
de
Topkapı,
Sainte-Sophie,
mosquée Bleue,
citernes Basilique et Philoxénos, musées
Archéologiques, des Mosaïques, des Arts Turcs et
Musulmans. A ses pieds on y trouve la gare de
Sirkeci, le parc de Gülhane, les mosquées
de Sokullu et
Küçük Ayasofya, etc.
La 2e colline est couronnée
de la
mosquée de Nuruosmaniye. Dans ses alentours on y
trouve
la colonne de Constantin, des
caravansérails, le
Grand Bazar
et
le bazar
Egyptien et des quartiers grouillant de monde.
La 3e colline est dominée par la plus
grande et la plus belle des mosquées
d’Istanbul :
Soliman le Magnifique. L’université
de Stamboul (İstanbul üniversitesi) est juste à
côté, tandis que l’on trouve une multitude de
monuments dans les environs et au pied de la
colline, de chaque côté : mosquées
de Şehzade,
de Kalenderhane,
Bodrum,
Rüstem Pacha,
Kilise,
de nombreux caravansérails, deux temples
protestants, des églises grecques et
arméniennes, une église syrienne et une turque
(karamanide), un temple alévi (cemevi), des
sources sacrées (ayazma), plusieurs musées et
l’aqueduc de
Valens.
La 4e, la 5e et la 6e
colline sont toutes autant intéressantes avec
plusieurs mosquées impériales (Fatih,
Yavuz
Selim,
Mihrimah Sultan), une vingtaine d’églises
surtout orthodoxes, mais aussi arméniennes et
autres, et quatre synagogues. D’anciennes
églises converties en mosquées sont des chefs
d’œuvre de l’architecture byzantine :
Saint-Sauveur stin Chora,
Saint-Jean-Baptiste stin Trullo,
Théotokos Pammakaristos,
Sainte-Théodosie,
le Christ Pandokrátor,
Fenari İsa,
Saints Pierre
et
Marc, etc.
Les quartiers longeant
la Corne d’Or sont
particulièrement attrayants : Cibali,
Fener,
Balat,
Ayvansaray (voir la description de la
Corne d’Or).
L’ancienne église
Saint-André stin Cresei
devenue mosquée de Kocamustafapaşa, est plantée
au sommet de la 7e colline qui n’est
pas alignée aux autres, mais est nettement au
sud de la ville. Elle domine les quartiers de
Samatya,
Yedikule et
Belgratkapı. On y trouve
également de beaux bâtiments religieux
(mosquées, églises) et des vestiges byzantins
importants. Toutefois, c’est la partie de la
presqu’île qui a le plus souffert des
tremblements de terre et des incendies, deux
fléaux qui ont toujours fait peur aux
Stambouliotes presqu’autant que la politique
mégalomane du maire (AKP) actuel.
L’administration laïque d’Istanbul (mairie du
grand Istanbul, préfecture) est installée aussi
à Fatih, comme les administrations religieuses
des musulmans (grand Müftülük d’Istanbul), des
orthodoxes (patriarcat de la Nouvelle-Rome et de
Constantinople) et des grégoriens (patriarcat
apostolique arménien d’Istanbul).
On y trouve également plusieurs grands hôpitaux
ou centres hospitaliers universitaires (Çapa,
Cehrrapaşa, Or Ahyim).
Vue du
Grand Bazar, entre les mosquées de Beyazıt et de Nuruosmaniye (en haut)
Cet immense musée à ciel ouvert et son
demi-million d’habitants n’est pas simple à
gérer et l’on conçoit aisément que le
développement des quartiers est irrégulier. De
nombreuses zones sont négligées, notamment
celles habitées par des classes moyennes à
modestes (Aksaray,
Fatih-centre, Vatan, Haseki, Kocamustafapaşa, Çapa). Avec les quartiers
« pauvres », les autorités sont nettement plus
expéditives. On expulse les habitants, on
détruit la quasi-totalité des maisons et on
refait autre chose qui sera destiné aux classes
moyennes, avec des loyers de toute façon pas à
la portée des habitants précédents. Cela a été
le cas pour le quartier tzigane de Solukule et
pour le quartier de
Süleymaniye.
D’autres
projets dantesques essaient de régler le sort de
Balat,
Fener et
Ayvansaray d’une part, de
Yedikule
et
Samatya d’autre part, cinq quartiers
à forte proportion tzigane. Une discrimination à
peine voilée qu’aucun gouvernement républicain
précédent n’avait engagé face à cette
communauté.
Du côté de
Cankurtaran et Ahrıkapı, autres
quartiers tziganes, l’évolution n’est pas tout à
fait la même, mais le bilan de l’émigration vers
les banlieues pour cette communauté, est
identique. Comme la zone est très convoitée par
les promoteurs qui entendent y construire des
hôtels, les vieilles maisons des Tziganes
disparaissent les unes après les autres pour
faire place aux nouvelles constructions.
Certains consortiums n’hésitent plus à passer
sur les lois protégeant le patrimoine et font
construire de grands hôtels sur l’ancien domaine
du palais impérial byzantin. Le Four Seasons n’a
pas hésité non plus à s’accaparer d’un terrain
mitoyen classé pour s’agrandir. Bref, il règne
dans tout le secteur de
Sultanahmet, une course
au meilleur emplacement qui ne peut être que
néfaste au patrimoine historique, le tout en
graissant la patte à qui de droit et sans que
personne ne soit jamais condamné.
L’UNESCO qui veille au grain, à quand même
menacé plusieurs fois et pour plusieurs raisons
de sortir la presqu’île de la liste du
patrimoine mondial. Sans effet, le massacre
continu.
Kumkapı, ancien quartier arménien surtout peuplé
de Kurdes de nos jours, a échappé pour le moment
aux dents des promoteurs, tout comme l’immense
zone des marchés et bazars entre
Beyazıt,
Mercan,
Tahtakale,
Eminönü et
Sirkeci. Par contre,
l’entretien des anciens immeubles et
particulièrement des caravansérails est
quasiment nul.
Dans l’ensemble, les grands monuments y compris
les mosquées de la mairie de Fatih, sont bien
entretenus, tandis que les monuments
d’importance secondaire sont négligés, voire en
danger. De toute évidence, les autorités
montrent par leur entêtement à démolir certains
quartiers, leur détermination à faire sortir les
populations modestes du centre vers de
lointaines banlieues. Un schéma déjà pratiqué
dans d’autres villes d’Europe, dont le
centre-ville n’est plus accessible qu’à des gens
ayant de grands revenus.
Les quartiers musulmans très religieux, voir
fanatiques, étaient également peuplés de gens à
revenus (et intelligence) modestes.
Contrairement aux Tziganes et aux Kurdes,
nettement moins bigots, ces gens ont été
maintenus sur place, les autorités essayant et
réussissant de faire augmenter leur niveau de
vie. L’opposition et les laïcs de manière
générale, accusant les autorités de
clientélisme. Le cas s’est produit à
Fatih-centre,
à Çarşamba, à Haseki et alentours, des zones qui
n’avaient jamais connu un tel dynamisme et où le
changement est aussi radical que visible. Les
infrastructures sont plus que correctes, les
quartiers sont entretenus et propres et faciles
d’accès grâce aux lignes de métro, métrobus,
tramway et bus de ville. D’autres projets de
lignes sont en voie d’achèvement.
La composition ethnique de la mairie de Fatih
est aussi complexe que l’était l’Empire ottoman
lui-même. Même si certains quartiers accueillent
de nouveaux arrivants toutes les années, il
s’agit la plupart du temps du résultat d’un
exode rural qui a diminué depuis les années
1970-1980, mais jamais cessé. La première étape
est de se loger à bon marché de préférence
auprès d’une communauté de même origine déjà
installée. Il s’agit toujours de quartiers
modestes et de vieilles maisons. Au bout de
quelques années, quand la situation devient
stable grâce à un emploi, il est possible de
trouver un meilleur hébergement en banlieue
proche. Ainsi, des quartiers comme Fener et
Balat ont une forte proportion de nouveaux
habitants (40%) qui y sont installés depuis
moins de 5 ans.
Les populations anciennes se trouvent sur tout
le territoire de Fatih, mais généralement une
minorité y est née.
Coupoles stambouliotes
Mosquée de Fatih |
Messe patriarcale, Fener |
Fête de Purim a la synagogue
Or-Ayhim - Balat |
Cérémonie dans un temple alévi (Cemevi) |
Fête de la Croix, Fener |
Cérémonie de derviches tourneurs - Silivrikapı |
Cérémonie des Assyriens jacobites -
Samatya
|
Dames arméniennes aux Rameaux
à
Kumkapı |
Derviches hurleurs au couvent de
Nureddin Cerrahi (tekke)
- Karagümrük |
Adoration du Manteau Sacré du Prophete -
Mosquée
Hırka-i Şerif (Fatih)
|
Autrefois plusieurs quartiers de la presqu’île
étaient majoritairement chrétiens (Fener, Balat,
Ayvansaray, Aksaray, Samatya, Edirnekapı,
Yedikule, Kumkapı, etc.). Un quartier était
majoritairement juif (Balat) et un autre
comptait une forte proportion de Juifs (Edirnekapı).
Depuis les années 1940-1950, les populations ont
radicalement changées un peu partout et de nos
jours plus aucun quartier n’a une population
majoritairement non-musulmane. Samatya et
Kumkapı sont les quartiers qui ont gardés le
plus leur population d’origine (Arméniens). Les
Grecs orthodoxes sont très faiblement présents à
Kumkapı, Fener, Samatya, Yedikule et Edirnekapı.
Les Turcs orthodoxes (Karamanides) à Yedikule et
Kumkapı. Les Juifs à Balat. Les Tuırcs
protestants éparpillés un partout et notamment à
Aksaray, Haseki, Samatya et Fatih-centre.
Mosquée Ali Fakih (1910) -
Kocamustafapaşa |
Mosquée Fuat Paşa - Mercan |
Mosquée
Molla Hüsrev - Vefa |
La mosquée
Hırka-i Şerif (Fatih) contient le
Manteau Sacré
du Prophete |
Une communauté orthodoxe nationale fait partie
des nouveaux arrivants. Il s’agit des Arabes
originaires de la région d’Antioche (Hatay). Ils
se concentrent à Samatya et à Fener, mais on en
trouve un peu partout dans la partie ouest de la
mairie de Fatih.
D’autres communautés chrétiennes étrangères
consolident en nombre les communautés
autochtones. Ils viennent de Moldavie (Turcs
gagaouzes), des Balkans (Bulgarie et Macédoine),
du Caucase (Arméniens, Géorgiens, Russes), du
Proche-Orient (Chaldéens d’Iraq et Arabes
jacobites syriens).
Les réfugiés syriens arrivés et nationalisés en
2012 et 2013, sont tous musulmans sunnites. Ils
vivent dans les quartiers de Çarşamba, Fatih-centre,
Zeyrek et Unkapanı. Près de 200 000 réfugiés
syriens ont reçu presqu’immédiatement la
nationalité turque. Une grosse partie d’entre
eux s’est installée à Istanbul.
Grand-Bazar (Beyazıt) |
Marché aux Epices (Bazar Egyptien) - Eminönü
|
Place de Samatya |
Marché aux Fleurs (Eminönü) |
Manifestation a Süleymaniye contre la destruction du Jardin
Botanique décrétée
par les autorités AKP (mai 2013) |
Tombeau byzantin -
Silivrikapı |
Ainsi va la vie dans la mairie de Fatih ! La
plupart des touristes n’y voient d’ailleurs que
du feu et des étoiles, car ils ne visiteront
qu’environ 5% du territoire de la vieille ville
plus particulièrement la zone non-habitée
comprise entre le sérail de Topkapı et les
bazars. Mais à toute règle il y a des exceptions
et les audacieux vont s’aventurer dans des
quartiers typiques et authentiques. Ils
s’amuseront à voir les vendeurs ambulants, les
marchés paysans et la vie des Stambouliotes. Ils
s’intéresseront à l’histoire des différentes
communautés, des pratiques religieuses des
autres et du sort des Tziganes. Des voyageurs
plutôt que des touristes, même si le séjour est
court. D’ailleurs : ils reviendront !
Les 39 quartiers de la
mairie de Fatih
Description des principaux quartiers figurant
sur cette carte :
Eyüp (Eyoub),
Fener
(Phanariot Quarter),
Hippodrome,
Corne d'Or (Chrysokeras),
Kasımpaşa (Kassim Pasha),
Kurtuluş (St. Dimitri),
Dolapdere (Yeni Shehr),
Péra,
Galata,
Tophane,
Fındıklı (Fundoukli),
Beşiktaş (Beshicktash),
Üsküdar (Skutari),
Kadıköy (Kadikeui),
Sarayburnu (Acropolis of the Greek Byzantium)
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