Quand Eyüp n’était encore qu’un village
au fond de la
Corne d’Or, il était
séparé
des
remparts que d’environ un
kilomètre et faisait suite aux quartiers
de
Phanar
(Fener),
Balat
et
Ayvansaray (Blachernes).
Les origines d’Eyüp sont anciennes. Il y
avait déjà un village en ces lieux
pendant la période byzantine, mais c’est
seulement après la Conquête d’Istanbul
(Chute de Constantinople pour les
philhellènes) en 1453, que l’endroit
devint important grâce au mausolée d’Eyüp
(dit sultan Eyüp), porte-étendard du
prophète Mahomet tombé sous les remparts
de la Ville des villes en 670, dont les
restes furent retrouvés après un songe
du sultan Mehmet et un coup de pioche
miraculeuse.
Vue générale du centre
Corne d'Or vue aérienne depuis Eyüp
Chemin menant au café Pierre Loti sur la
colline d'Eyüp |
Le village était majoritairement
musulman, mais avait aussi d’autres
petites communautés (orthodoxe, juive,
grégorienne). A côté du mausolée d’Eyüp,
se trouve une
mosquée,
dont l’originale s’écroula lors d’un
tremblement de terre et fut reconstruite
en 1800. Elle est très fréquentée par
les pèlerins, particulièrement les jours
de fêtes religieuses. Les nouveaux
mariés et les nouveaux circoncis, se
rendent aussi au mausolée, ce qui leur
portera chance pour l’avenir, selon la
croyance populaire.
Autrefois, c’est de cet endroit que
partaient les caravanes pour le
pèlerinage à La Mecque avant la
construction de la ligne de chemin de
fer de Bagdad au XIXe siècle. C’était
l’occasion de somptueuses cérémonies en
présence du sultan et des dignitaires
religieux qui arrivaient en bateau et
suivaient une sorte de voie sacrée (Cülus
yolu) jusqu’au mausolée d’Eyüp.
Le mausolée et la mosquée se situent au
pied d’une colline recouverte de stèles
funéraires. De grandes familles
ottomanes ont fait bâtir des mausolées
autour de la mosquée, tandis que les
défunts des familles plus modestes se
faisaient enterrer à flan de colline. Le
cimetière d’Eyüp est fort grand et l’un
des plus beaux cimetières ottomans
d’Istanbul avec celui
de Karacaahmet
dans la
municipalité d’Üsküdar, de
l’autre côté du
Bosphore de Thrace.
Tout autour de la colline, on trouve aussi des
couvents de derviches tourneurs (16), dont
seulement quelques uns sont en activité.
L’interdiction des sectes musulmanes dans les
années 1920 et jusqu’en 1955, a eu raison des
bâtiments souvent construits en bois et
abandonnés par les adeptes qui y ont été
contraints. Certains ont été restaurés ces
dernières années.
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Excursions guidées et commentées dans les quartiers sur la Corne d’Or
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Le
centre d’Eyüp est occupé par le complexe de la
mosquée, les anciennes écoles religieuses et
d’autres dépendances à caractère religieux. Dans
la partie du sud, il subsiste de belles rues
bordées de maisons en bois restaurées ou
carrément refaites à l’ancienne. Des magasins de
souvenirs, des cafés et plusieurs restaurants se
partagent l’espace.
Arrivée du sultan et des dignitaires religieux
sur la voie sacrée (Cülus yolu)
Mausolée d'Eyüp |
Ancien tekke (couvent) de derviches |
Medrese
(école religieuse) Sokullu Mehmet Pacha,
œuvre de Mimar Sinan, 1568 -
Eyüp |
Intérieur de la mosquée d'Eyüp |
Une des maisons en bois a abrité le romancier
français
Pierre Loti,
qui a aussi logé
au Péra Palace
aux
Petits-Champs et dans
le quartier de Çemberlitaş
où une rue porte son nom (Piyerloti Caddesi).
Sur la colline d’Eyüp, un café porte également
le nom du Français et l’on pense que c’est là
qu’il allait siroter son thé en regardant la
Corne d’Or et en pensant à la mystérieuse
Aziyadé, qui est enterrée au cimetière musulman
de Topkapı.
On peut y accéder par un chemin traversant le
vieux cimetière ottoman qui part de l’arrière du
mausolée d’Eyüp. Depuis quelques années, un
téléphérique relie le bord de la Corne d’or au
sommet de la colline.
Café Pierre Loti |
Fontaine Ebedi Eyüp Sultanlılar et le chemin du café Pierre Loti |
Eglise arménienne Ste Marie (Surp
Asdvadzadzin Ermeni Kilisesi),
quartier d'İslambey - Eyüp |
Mosquée d'Eyüp |
Une ancienne école religieuse (medrese) |
Intérieur d'un mausolée aux abords de la mosquée d'Eyüp |
Mosquée
Zalpaşa, Eyüp (1589)
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Ancienne école
Cafer Pacha (Cafer Paşa Medresesi),
œuvre de Mimar Sinan,
XVIe |
Les beaux jouets en bois que l’on fabrique
encore à Eyüp, se font de plus en plus rares,
laissant place aux jouets chinois en plastic, à
moitié toxiques, mais bon marché. Inutile de les
chercher, ce sont les mêmes sur toute la
planète.
Un musée du Jouet en bois est à
proximité de la mosquée. Certaines pièces
fabriquées à Eyüp sont également exposées au
musée du Jouet d’Istanbul à
Kadıköy.
La plupart des modèles disponibles sur le marché
sont des reproductions de jouets traditionnels
des XIXe et XXe siècles. Une idée cadeau ou un
souvenir d’Eyüp des plus intéressants, même si
généralement ils font plus plaisir aux parents
qu’aux enfants.
Atelier
de fabrication au musée des Jouets d'Eyüp, vers l'hôtel
de ville, à côté de la
mosquée
Zal Mahmud Paşa
(Eyüp Oyuncakları
Atölyesi ve
Müzesi) |
Modèle original
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Stand de jouets en bois |
Vendeur de jouets en bois |
Le téléphérique |
Vue du café Pierre Loti |
Concours d'aviron, Eyüp |
Ancienne école
Cafer Pacha (Cafer Paşa Medresesi),
œuvre de Mimar Sinan,
XVIe |
Le centre d’Eyüp est bien relié à la Ville des
villes par les transports publics : tramway, bus
et métrobus. Le plus agréable est peut-être le
bateau (ligne Corne d’Or).
Eglise arménienne grégorienne Surp Egra
(Surp Egra Ermeni Kilisesi) - Eyüp |
Dans
le vieux cimetière musulman |
La voie sacrée de nos jours (Cülus Yolu) |
Cérémonie dans un temple alévi (Cemevi) - Eyüp |
Vieux
cimetière
ottoman
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Accueil du maire İsmail Kavuncu par le président de la
communauté arménienne de
l'église Sainte-Marie |
La municipalité d’Eyüp est énorme. Sur 242 km²
elle possède 21 quartiers et 7 villages avec un
total de 338 000 habitants selon le recensement
de 2010. Les limites de la commune passent des
remparts de Théodose à la mer Noire avec une
bande étroite au bout de la Corne d’Or,
s’élargissant vers le nord. Une partie du
territoire initial créé en 1936 a été cédé à de
nouvelles municipalités, comme Arnavutköy en
2008.
Situation d'Eyüp dans la province
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Excursions guidées et commentées dans les quartiers sur la Corne d’Or
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Kemerburgaz
Kemerburgaz est la principale localité en dehors
du milieu urbain de la municipalité. Elle se
trouve dans un environnement composé de vallons
et de bois, non loin de la grande
forêt de
Belgrade et à mi-distance entre la Corne d’Or et
la mer Noire.
Kemerburgaz était un village grec d’environ 2000
habitants avant les échanges des populations. A
leur départ en 1923, ils cédèrent la place à des
musulmans chassés de Grèce. Le village ne se
développa pratiquement pas jusqu’aux années
1950. Les routes qui y menaient depuis Istanbul
étaient mauvaises et poussiéreuses, défoncées
par les camions qui transportaient les matériaux
des mines de charbons qui se trouvaient dans la
région.
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Kemerburgaz, vue générale |
Depuis les années 1980, le village a
complètement changé dans son aspect. On y a
construit des villas et des lotissements de
luxe, un golf y est implanté et des centres de
loisirs. A peu de distance d’Istanbul, c’est un
endroit fort prisé pour la proximité de la
nature.
Dans les alentours on trouve plusieurs aqueducs,
dont un énorme à l’entrée du village. Il y en a
33 dans la municipalité d’Eyüp. Les Byzantins
s’en servaient déjà pour la plupart, mais les
Ottomans reprirent l’ensemble du réseau de
distribution des eaux en l’améliorant et en
l’agrandissant. Encore aujourd’hui, le barrage
d’Alibey (Pyrgos Baş Havuz), en dessus d’Eyüp,
permet de rassembler les eaux qui y arrivent par
des canaux. Cette grande citerne est d’Andronic
Comnène et fut réparée par Osman II.
Forêt de Belgrade
(Belgrat ormanı)
La plus grande forêt que l’on trouve dans les
environs immédiats d’Istanbul, n’a pas moins de
28 km2. On peut s’y perdre ! Elle couvre la
petite chaîne de montagnes, prolongement des
Balkans qui viennent mourir au bord du
Bosphore.
Le point culminant est à 230 mètres d’altitude (Kartaltepe).
Situation de la forêt de Belgrade
Plan des accès à la forêt de Belgrade
La
flore est très variée, mais on n’y trouve pas
d’espèces rares, sauf à l’arborétum Atatürk, en
bordure de la forêt. Les champignons recouvrent
les sous-bois (bolets, chanterelles, morilles,
etc.). Il n’est plus permis d’y chasser, la
forêt est protégée depuis le milieu du XVIe
siècle et les animaux y sont tranquilles. Leurs
ancêtres, plus malheureux, finissaient souvent
sur la table des pavillons de chasses des
pachas. Jusque dans les années 1970, on y
trouvait l’ours et le loup.
Les ruines du
village de Belgrat sont situées dans un
vallon entre deux réservoirs (Karanlik et Büyük
Bent), au nord et au sud. Deux plus petits
réservoirs se trouvent de chaque côté du
Karanlik Bent. Ils furent construits par
Andronic Comnène. A l’ouest de Belgrat et au
nord de Paşadere, dans la vallée d’Ehvadettinin,
se trouve un autre Bent, celui d’Ayvat,
construit par Mustafa III en 1766. L’eau coule
par un grand aqueduc vers la citerne d’Alibey,
puis par deux autres aqueducs de l’époque de
Justinien, l’eau s’en va vers la ville. |