Istanbul : N'en rêvez plus... Allez-y !
       

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Le petit tram rétro, sur la place devant
le
passage du Tunnel

Au coeur d'Istanbul, la colline de Beyoglu

Péra s'étire sur la Colline qui domine l'ancienne ville génoise de Galata, et est délimité d'Ouest en Est par les places du Tünel et du Taksim, tandis qu'au Nord, les quartiers de Dolapdere-Yenisehir et Taksim, marquent la limite entre la vieille ville et les quartiers plus modernes.
L'architecture à Péra est riche et variée. Nous proposons d'en faire un survol ci-dessous :

Les palais
Au début du XVIe siècle, le site était recouvert de vignobles, de vergers et de potagers, quelques rares constructions s’y élevaient. Ce n’est que depuis 1534, année où l’Empire ottoman commença à entretenir des relations avec la France, que l’ambassade de cette dernière fut entreprise et donna le coup d’envoi à l’urbanisation de Beyoğlu. L’ambassade de France se trouve aujourd’hui, comme toutes les autres, à Ankara, mais le bâtiment, (le  palais de France) sert de résidence stambouliote à l’ambassadeur. Il est situé sur son site d’origine, rue Nuriziya, anciennement rue de Pologne. Plusieurs bâtiments français l'entourent, dont l’ancienne “capitulation” ou tribunal français.
Faisant suite aux Français, les ambassadeurs de Venise commencèrent à résider à Beyoğlu. La résidence de ville de l’ambassadeur d’Italie, à laquelle on peut aussi accéder en traversant l’église Sainte Marie Draperis, fut construite en 1695. Le fait que l’édifice est entouré d’un lycée italien et d’autres bâtiments transalpins, donne une atmosphère typiquement italienne à l’endroit.
Le palais d’Angleterre est de style Renaissance italienne. Il fut construit en 1845 par Sir Charles Barry. Il se trouve près du marché aux Poissons à Galatasaray entouré d’un grand parc. Depuis l'attentat de 2003, les annexes ont faits place à un horrible mur en béton et les travaux de restauration commencés avant l'attentat devaient se terminer en 2005.
Les ambassades de Hollande, de Pologne et du Danemark n’ont pas tardé à s’installer à leur tour à Péra. Le palais de Hollande est situé près de l’église Sainte Marie Draperis, devant la chapelle St-Louis-des-Français et le temple calviniste. Entré en fonction au début du XVIIe siècle, il fut complètement reconstruit par les architectes suisses Fossati en 1855.
Le palais de Suède est lui, près de la place du Tünel. Il a été construit au XIXe siècle et a remplacé l’ancien bâtiment en bois, dévasté comme tous les autres par le grand incendie de 1831.
Le palais de Russie, consulat qui tenait auparavant ses quartiers au Narmanli Han ou passage des Chats, prend place sur la même rangée que le palais de Suède. Il a été construit par les frères Fossati dans un style italien. Il fut restauré en 2001.
L’ambassade de Prusse a acquis en 1865 un hôtel particulier à Galata. L’actuel palais d’Allemagne (ou palais des Oiseaux - Kuş Sarayı) à Ayazpaşsa / Gümüşsuyu a été édifié en 1872.
Le palais Corpi, que l'on trouve aux Petits-Champs, fut autrefois l’ambassade des Etats-Unis. Il faisait office de consulat général jusqu'en 2003. C’est l’architecte Leoni, originaire de l’île de Sakız (Kastron) qui est le maître d’oeuvre de ce qui fut l’hôtel particulier de la famille levantine Corpi.

Les banques
A la suite de l’installation des ambassades, Péra devint un site important ou résidait une population cosmopolite et très majoritairement chrétienne latine. Jusque dans les années 30, la langue la plus utilisée n’était pas le turc, mais le français. Les rues et les pancartes des commerçants étaient indiquées en français. Les Levantins faisaient généralement office de traducteurs auprès de l’appareil d’Etat ou dans les établissements privés. Les traducteurs attitrés d’origines gréco-ottomane, vénitienne ou génoise, en fonction dans les ambassades jouissaient d’une grande considération dans la société. Certains d’entre eux s’enrichirent au point de faire des prêts à l’Etat ottoman.
Les célèbres banquiers résidaient à Péra, comme la famille Camondo. Agents de change et usuriers, les Camondo s’élevèrent au rang de banquiers, puis fondèrent leur propre banque. La famille émigra en France avant la fondation de la République Turque. Les derniers membres furent déportés dans les camps en Allemagne pendant la dernière guerre. (Voir aussi les escaliers Camondo à Galata). A côté du bâtiment Camondo (Kamondo Han) à Péra, se trouve un bâtiment qui appartenait à un autre banquier du nom de Foscolo. Il attire l’intention par le fait que les fenêtres de chaque étage sont d’un style différent.
D'autres familles de banquiers résidaient encore à Péra, comme les Baltazzi, Agopian, Mavrocordati, Christiaki, Zographios ou Zarifi.

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Palais de Hollande
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Palais de Venise
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Les appartements Botter


 
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Palais de Russie
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Cité de Péra

Les églises
Péra, encore de nos jours et par ses nombreux bâtiments religieux, est un exemple de tolérance.
Le temple protestant de Crimée, rue Kumbaracı Yokuşu, fut construit pour commémorer la guerre de Crimée où les Anglais, les Piémontais et les Français avaient participé en aidant les Ottomans. L’église catholique Sainte-Marie-Draperis fut pratiquement reconstruite par les Franciscains après l’incendie de 1871(architectes Fossati). Les plaquettes placées à l’entrée expriment la gratitude due au calife Abdülhamit pour les facilités qui leur avaient été accordées. L’église abrite aussi une très ancienne icône considérée comme miraculeuse, représentant la Vierge.
Le temple calviniste situé derrière le palais de Hollande est le plus ancien bâtiment protestant d’Istanbul et a été un centre important pour les missionnaires protestants. C’est là que le patriarche orthodoxe grec Cyril Lukaris adopta le calvinisme. Accusé plus tard d’espionnage en faveur de la Russie, Lukaris fut assassiné en 1638 au su de l’Etat ottoman.
L’église voisine,  Saint-Louis des Français,  est l’une des plus anciennes églises catholiques de la ville. Elle fut fondée par les capucins et fait partie du patrimoine du palais de France, tandis que St Antoine de Padoue fut fondée par les Franciscains. Cette basilique de style italien a remplacé un bâtiment plus ancien. C’est l’une des plus grandes églises latines d’Istanbul aux côtés de la cathédrale St Esprit à Pancaldi, édifiée en 1907 par l’architecte levantin Mongeri. C'est aussi à St Antoine que pour la première fois de l'histoire, un pape (Jean XXII) prêcha la messe en langue turque.
Près du palais de Suède, on trouve encore un temple protestant. Il est fréquenté par la communauté grecque luthérienne. Les Arméniens catholiques ont aussi leurs lieux de culte à Péra. La cathédrale Ste Marie est entre Galatasaray et la place du Taksim, dans une rue latérale. Une chapelle se trouve à Odakule et gardait autrefois l’entrée du passage Karlmann. Une autre église catholique arménienne importante est celle que l’on voit de la place du Taksim, derrière le consulat de France : Vosgeparan. Les Arméniens sont généralement grégoriens. La formation d’une assez grande communauté d’Arméniens catholiques est due à l’influence (missions) française au milieu du XIXe siècle.
L’église grecque orthodoxe Aya Triada (de la Trinité) bâtie à la fin du XIXe siècle dans un ancien cimetière près de la place du Taksim, est sans doute l'une des plus grande de Péra. Elle vient d'être complètement restaurée. St Constantin et Ste Hélène à Tarlabaşı a également subi une restauration. Une autre église grecque orthodoxe se trouve entre Galatasaray et les Petits-Champs (Tepebaşı) : Panaya Isadorion.
Une intéressante église melkite se trouve rue Sakız Ağa, au delà du boulevard Tarlabaşı. Cette communauté arabe est rattachée à Rome, mais pratique un rite oriental. 
L'église est cependant difficile à visiter, car des personnes se sont installées illégalement dans les bâtiments annexes, par lesquels l'on peut accéder au lieu de culte. Les melkites sont encore présents, en Turquie, surtout dans la région arabophone d'Antioche.
A Tarlabaşı toujours, rue Karakurum, se trouve la seule église assyrienne édifiée par la communauté-même, et bâtie avec des pierres transportées de Mardin, centre de la culture assyrienne. Les Assyriens (ou Syriens) parlent l’araméen, la langue du Christ. 
Une autre église assyrienne se trouve à Gümüşsuyu, mais elle est catholique orientale. Le temple pentecôtiste arménien côtoie le temple évangélique allemand, rue Emin Camii.
Il existe bien d’autres chapelles et églises à Péra, représentant tous les rites orientaux et occidentaux du christianisme et regroupant presque tous les groupes ethniques de Turquie.

Les écoles
Les rues ayant accès à l’avenue İstiklal sont pleines d’écoles fondées par des étrangers ou des minorités ottomanes. Certains de ces établissements ont acquis une très bonne réputation. L’enseignement se fait dans plusieurs langues : français, italien, allemand, grec, arménien. A noter le lycée italien, l’école Pierre Loti, le lycée allemand, le lycée Zographion, l’école primaire italienne, le collège Sainte Pulchérie, l’Alliance Israélite, le lycée autrichien, le lycée Zappion, le lycée Esayan, etc. Certaines écoles primaires étrangères furent transformées en écoles turques dans les années 70. C’est le cas de l’école Jeanne d’Arc, aujourd’hui école du Taksim. D'autres furent fermées comme l'école St Eugène à Çukurcuma - Tophane ou les écoles gréco-catholiques de toute la ville.
Le lycée de Galatasaray est l’un des plus prestigieux établissements scolaires de Péra. Il fut fondé en 1868. Bien qu'étant turc, une grande partie de l’enseignement se fait en français.

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Sainte-Marie Draperis
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Prêtres araméens
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A Saint-Louis des Français
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Ancien hôpital Saint-Louis des Français (consulat de France)
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Lycée et
La Media italiens

Les hôpitaux
De nombreux hôpitaux étrangers figurent dans le quartier : l’hôpital Allemand, l’hôpital Italien, l’hôpital Prussien, l’hôpital Pasteur, l'hôpital St Louis, l'hôpital Surp Agop, sont les principaux exemples de ces bâtiments construits au siècle dernier.

Les passages et les traboules
Les bazars et caravansérails étaient, au XIXe siècle, parmi les plus importants types d’édifices à Istanbul. Les passages et les traboules, avec leurs façades décorées, sont des constructions qui confèrent encore aujourd’hui à Péra l’une de ses principales caractéristiques. Parmi les passages réputés, on peut citer le passage Salvy, le passage Tunnel, qui sont les plus proches de Galata, puis les passages Oriental, de Syrie, D’Andria, Karlmann, Olivio, Fresco, Panaya, Hazzopoulos, Aznavour, Dörob (d’Europe), Crespin, Hristaki, d’Alep, d’Anatolie, de Roumélie, d’Afrique et la cité Alléon.
Le passage Hazzopoulos (Hacopulo en turc), avait été construit par la famille grecque du même nom, pourtant une atmosphère italienne domine dans ce havre de paix. A l’époque beaucoup de magasins de marque s’y trouvaient réunis. Encore aujourd’hui, la fameuse modiste “Madame Katya” y est toujours installée.
Plusieurs passages portent le nom des familles qui les avaient fait construire: Olivio, Fresco, Karlmann, Crespin, Aznavour, Salvy, etc.
Les merciers étaient réunis dans le passage d’Europe (Dörob ou Avrupa Pasaji) qui réunis l’ancienne rue des Petits-Champs (Mesrutiyet) à la rue de la Scène (Sahne Sokak). Le nom populaire de “passage des Glaces”, lui vient  des glaces qui séparent chaque magasin. C’est une copie du passage Choiseul à Paris.
Les tavernes étaient groupées dans le passage Crespin (Krepen) situé en parallèle. La famille levantine française bien connue à Istanbul encore de nos jours l’avait fait construire. Il a été démoli dans les années 70 pour être remplacé par un bâtiment insignifiant. Aujourd’hui ce sont les bouquinistes qui sont installés dans ce lieu. Certaines tavernes renommées se sont déplacées dans la rue Nevizade. C’est le cas de la fameuse taverne Imroz.
Jusque dans les années 80, le passage des Fleurs (Çiçek Pasaji) ou le passage de Péra occupait une place importante dans les soirées pérotes. De nos jours, les tavernes les plus célèbres d’Istanbul sont installées dans les rues voisines de Nevizade et de Sahne. Le passage de Péra fut construit par un architecte français pour l’éminent banquier grec Hristaki Efendi. C'est une copie d'un théâtre parisien. Les galeries supérieures s’effondrèrent en 1970 et furent restaurés en quelques années afin de regagner leurs fonctions. Il a été partiellement restauré en 2004.
Après avoir dépassé Galatasaray en direction du Taksim, on trouve sur la droite un grand bâtiment qui abrite le cinéma Atlas. L’édifice appartenait à Mösyö Köçeoglu, banquier arménien catholique. Le passage d’Alep qui se trouve vis-à-vis et fut construit par la famille Hadjar, des Arabes chrétiens d’Alep. Il a perdu son ancienne atmosphère à la suite d’une restauration intérieure complètement ratée. Le passage d’Anatolie qui est contigu au passage Atlas, a été édifié par Ragip Pacha à l’époque du sultan Abdülhamit.

Clubs et cercles
Les centres culturels et les clubs fondés au XIXe siècle à Beyoğlu par les ambassades, les Levantins et d’autres chrétiens, faisaient en même temps fonction de centres de divertissements et d’aide sociale aux déshérités du quartier. Les concerts, représentations théâtrales, conférences, bals qui étaient organisé par la Societa Operaia, l’Union Française, le Club Suisse, la Teutonia, jouaient un rôle éminent dans la vie culturelle de Péra. Le Cercle d’Orient (Serkldoryan) était le club le plus élégant de Péra au XIXe siècle. Les étrangers et les chrétiens pouvaient devenir membres. Parmi les Turcs, seuls quelques pachas y avaient été admis.

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Cité Roumélie
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Passage d'Europe
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Cité de Péra
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Cité d'Alep
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Passage Aznavour
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Büyük Londra Oteli / Grand Hôtel de Londres
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Place du Taksim
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Place Tünel : le quartier des mucisiens
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Gentille femme pérote... dit la gravure du XIXe

Les théâtres
Beyoğlu est encore de nos jours le centre théâtral d’Istanbul. Un des premiers théâtre fut fondé en 1840 (Naum) est fut détruit par le terrible incendie de 1870. Un autre centre culturel important : le théâtre des Petits-Champs qui fut détruit aussi par un incendie et qui se trouvait dans le Jardin Municipal près du Péra Palace. Il fut remplacé par un horrible bâtiment,  dit le “palais” des Expositions et la télévision nationale (TRT) vient de lui affubler les plus déplaisantes couleurs que la chaîne a pu trouver.
Les théâtres de Péra levaient leurs rideaux au milieu du mois d’octobre et poursuivaient leurs performances jusqu’à la saison d’été où les représentations de cirques prenaient la relève.

Les hôtels
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, il n’y avait pas d’hôtels de luxe à Istanbul. Après l'expérience de Monsieur Kroeger, la Compagnie des Wagons-Lits entrepris la construction du second palace de la ville en 1892 à Péra, pour les voyageurs de l’Orient-Express. Les locaux des Wagons-Lits se trouvaient juste en face. Le Péra Palace (Pera Palas) fut le premier bâtiment équipé d’électricité à Istanbul. Ce fut dans l’Entre-Guerres, un haut lieu d’espionnage. Il est toujours en fonction de nos jours.
Parmi les autres hôtels ou palaces ont peut citer : l’hôtel d’Angleterre, l’hôtel de Lausanne, l’hôtel de Byzance, l’hôtel Bristol, le Tokatlian Palace, l’hôtel de France et le Grand Hôtel de Londres. Ce dernier, construit en 1892 par la famille levantine Glavany, est toujours en activité aux Petits-Champs. C’est le seul avec le Péra Palace, son voisin. Prendre un verre au grand salon est presque une aventure... Le décor inchangé depuis le début du siècle, retrace ce que fut la vie à Péra en ces temps révolus. Les grands hôtels d’Istanbul se trouvent de nos jours, dans le quartier de Taksim ou sur le Bosphore.

Les cafés et brasseries
Les cafés et brasseries du début du siècle étaient des hauts lieux de divertissements. Certains existent encore aujourd’hui, mais la plupart ont disparu, c’est le cas du café de Byzance, la brasserie Strasbourg, la brasserie Suisse, le café Concordia, le restaurant St-Pertersbourg, la brasserie Niçoise, le café Nicolo, Chez Vallaury ou La Rose Noire. Les fameuses brasseries Pano (Panayot Papadopoulos) et  Victor Lévy (Viktor Levi) près du palais d’Angleterre, existent toujours, comme le café du Péra Palace.

Les pâtisseries et confiseries
Les pâtisseries et les confiseries étaient fameuses à Péra, tandis que Galata était connu pour ses chocolatiers. On trouve encore aujourd’hui quelques uns de ces prestigieux établissements. C’est le cas du chocolatier Mabel à Galata, la pâtisserie Inci, la confisserie Üç Yildiz, les pâtisseries Saray, Savoy et Haci Bekir à Péra.
Autrefois ce sont les pâtisseries Bourdon, Inci,  Balladur, Vallaury, Lebon qui tenaient le haut du pavé.

Les artistes
Les rues Sofyali et Asmali Mescit, situées de l’autre côté du passage Tünel, représentent un petit monde en soi. Les façades des galeries d’art, des bouquinistes et des antiquaires sont ornées de bas-reliefs remarquables. Les tavernes roum” Refik et Yakup poursuivent de nos jours la tradition de cette rue bohême célèbres pour la qualité des “meze” que l’on y trouve.

Les journaux
Le journal “The Levant Herald” édité par le levantin maltais Mizzi, était publié dans l'immeuble contigu à celui du restaurant Yakup. Dans le bâtiment qui fait le coin du pâté de maisons, logeait Donizetti Pacha, fondateur de la Fanfare Impériale (Mizika-i Hümayun), et frère du célèbre compositeur Gaetano Donizetti.
Le Narmanli Han ou passage des Chats était autrefois le tribunal russe et abritait aussi les services consulaires russes. Plus tard, les peintres les plus en vogue avaient des ateliers et logeaient en tant que pensionnaires. De nos jours, le journal le plus ancien de Turquie, le “Jamanak”, est publié en arménien dans ce bâtiment tandis que le journal “Apoyematini” est publié en grec dans le passage de Syrie.

Les places
Les trois places de Péra sont des plus animées. La petite place du Tünel tire son nom du plus ancien et plus court “métro” au monde, (1871). Il relie Péra à Galata et est fort utile dans l’autre sens, car en le prenant, on évite ainsi la montée des “Hauts-Trottoirs” – Yüksek Kalderim.
La place de Galatasaray ou “palais de Galata” est le noeud central de Péra. Les nombreux immeubles et hôtels particuliers qui l’entourent témoignent de son prestigieux passé et de l’importance du lieu. De nos jours encore, cet endroit est toujours animé, même en été quand les Stambouliotes se font plus rares et que les écoles toutes proches sont fermées. C'est aussi au marché aux Poissons tout proche que l'on écoute les musiques de la ville.
La place du Taksim qui met un terme à Péra et où commence le quartier du Taksim avec ses luxueux hôtels, tire son nom en turc de “répartition”. Le petit bâtiment de pierre au toit pointu à la jonction de l’avenue Istiklal et de la place du Taksim, était l’endroit où se faisait la répartition des eaux vers différents quartiers. La place du Taksim est aujourd’hui un des principaux noyaux d’Istanbul.

Les casernes du Taksim
Au nord de la place se trouvait un cimetière jusqu’à la fin du XIXe siècle qui fut remplacé par la suite par une caserne qui fut à son tour démolie dans la période républicaine et remplacée par un parc, tandis que les autres casernes de Gümüşsuyu furent affectées à l’Université Technique d’Istanbul. L’architecte de Taskisla était un anglais du nom de Smith. L’ancienne Faculté des Mines de Maçka avait été construite sous le règne d’Abdülaziz en tant que cartoucherie. L’hôpital militaire a été affecté à l’armée.
Toujours à Gümüşsuyu, l’hôtel du Parc (Park Otel), était à l’origine la résidence de l’ambassadeur d’Italie, dit le “Baron Blanc”. A son départ, il céda la demeure au sultan Abdülhamit qui en fit don à son premier ministre Tevfik Pacha. Cependant, ses descendants ayant décidé de se lancer dans les affaires, la résidence fut transformé en hôtel commercial. Le Parc Hôtel était un des meilleurs hôtels de son temps. Il fut malheureusement démoli en vue de reconstruire un nouvel hôtel aux dimensions d’un gratte-ciel. Ce projet heureusement échoua à la suite des pressions exercées par les protecteurs du quartier.
Réalisé par l’architecte italien Canonica, le monument figurant presque au milieu de la place du Taksim commémore la guerre d’Indépendance. A l’est de la place, un énorme bâtiment, qui n’est pas une réussite architecturale, est l’opéra et le centre culturel Atatürk.

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Madam Marsel
Levantine et pérote dans l'âme
Art nouveau à Cukurcuma L'ancienne caserne de Gümüssuyu (ITU) Madam Meri
Arménienne et pérote dans l'âme
Une ancienne habitante du quartier :
Baronne Valentine von Clodt Jurgenzkbourg
dite Baronne Taskin

Art-Nouveau
En dévalant sur la gauche de la place du Taksim, on débouche sur l’avenue Tarlabasi. Cette zone est le prolongement de Péra, mais n’est pas aussi richement décorée par rapport à la Grand’Rue où habitait la haute société. Tarlabasi fut la résidence des classes moyennes. Une partie de la population de Tarlabasi était au service de la société de Péra. Les bâtiments qui flanquaient cette avenue ont été démolis dans les années 80 par la municipalité en vue d’élargir la route. Ainsi, ces bâtiments de style Art nouveau ont disparu, mais la nouvelle avenue a permis de faire respirer un peu Beyoğlu en canalisant la circulation et en déchargeant aussi bien la Grand-Rue que les Petits-Champs. Il reste encore des immeubles Art nouveau dans les rues qui rejoignent Dolapdere et, de l’autre côté de Beyoğlu, à Çukurcuma et Tünel. L’un des plus beaux exemples de ce style, est la maison Botter à côté du palais de Suède, oeuvre de l’architecte italien D’Aronco.

Les Pérotes (habitants de Péra)
Beyoğlu a vécu ses années d’or au XIXe et jusqu’au milieu du XXe siècle. Après 1970, Beyoğlu a commencé à changer d’identité et ce n’est que depuis les années 1990 que le quartier a regagné sa popularité d’antan. Les événements du 6 – 7 septembre 1955 ont contribué à éloigner les étrangers et les non musulmans de Péra et du pays. Ils ont été remplacés par les populations d’Anatolie, surtout après 1964.
Sa population a en partie changé, mais on trouve toujours un grand nombre de Levantins, Grecs, Arméniens et juifs au milieu d’une majorité, désormais musulmane et (ou) alévie. Les Russes-blancs, fuyant la Révolution de 1917, furent les derniers éléments qui s’ajoutèrent aux habitants ottomans de différentes religions et cultures du quartier. Il reste de ce temps-là les restaurants Rejans à Galatasaray et le Fischer à Gümüşsuyu.
Péra – Beyoğlu qui a su attirer dans le passé des noms tels que Lizst, Mankiewicz, Mata Hari, Théophile Gautier, Pierre Loti, Lamartine, Châteaubriant, Agatha Christie, Garibaldi, Casanova, Greta Garbo, Marlène Dietrich, Hemingway et tant d’autres, continue a être le lieu le plus attrayant d'Istanbul où vit une population cosmopolite.

Sources : 
R. Tomaselli 1999 / 2005
et la Fondation d’Histoire Economique et Sociale de Turquie
Copyright textes, plans et photos


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