Péra s'étire sur la Colline qui domine
l'ancienne ville génoise de
Galata,
et est délimité d'Ouest en Est par les
places du
Tünel
et du
Taksim,
tandis qu'au Nord, les quartiers de
Dolapdere-Yenisehir et Taksim, marquent
la limite entre la vieille ville et les
quartiers plus modernes.
L'architecture à Péra est riche et
variée. Nous proposons d'en faire un
survol ci-dessous :
Les palais
Au début du XVIe siècle, le site était
recouvert de vignobles, de vergers et de
potagers, quelques rares constructions
s’y élevaient. Ce n’est que depuis 1534,
année où l’Empire ottoman commença à
entretenir des relations avec la France,
que l’ambassade de cette dernière fut
entreprise et donna le coup d’envoi à
l’urbanisation de Beyoğlu. L’ambassade
de France se trouve aujourd’hui, comme
toutes les autres, à Ankara, mais le
bâtiment, (le
palais de
France) sert de résidence
stambouliote à l’ambassadeur. Il est
situé sur son site d’origine, rue
Nuriziya, anciennement rue de Pologne.
Plusieurs bâtiments français
l'entourent, dont l’ancienne
“capitulation” ou
tribunal
français.
Faisant suite aux Français, les
ambassadeurs
de Venise
commencèrent à résider à Beyoğlu. La
résidence de ville de l’ambassadeur
d’Italie, à laquelle on peut aussi
accéder en traversant l’église
Sainte
Marie Draperis, fut
construite en 1695. Le fait que
l’édifice est entouré d’un
lycée italien et d’autres
bâtiments transalpins, donne une
atmosphère typiquement italienne à
l’endroit.
Le
palais
d’Angleterre est de style
Renaissance italienne. Il fut construit
en 1845 par Sir Charles Barry. Il se
trouve près du
marché
aux Poissons à
Galatasaray entouré d’un
grand parc. Depuis l'attentat de 2003,
les annexes ont faits place à un
horrible mur en béton et les travaux de
restauration commencés avant l'attentat
devaient se terminer en 2005.
Les ambassades de
Hollande,
de Pologne et du Danemark n’ont pas
tardé à s’installer à leur tour à Péra.
Le
palais de
Hollande est situé près de
l’église
Sainte Marie Draperis, devant
la chapelle
St-Louis-des-Français et le
temple calviniste. Entré en
fonction au début du XVIIe siècle, il
fut complètement reconstruit par les
architectes suisses Fossati
en 1855.
Le
palais de Suède est lui, près
de la place du
Tünel.
Il a été construit au XIXe siècle et a
remplacé l’ancien bâtiment en bois,
dévasté comme tous les autres par le
grand incendie de 1831.
Le
palais de
Russie, consulat qui tenait
auparavant ses quartiers au
Narmanli
Han ou passage des Chats,
prend place sur la même rangée que le
palais de Suède. Il a été construit par
les
frères Fossati dans un style
italien. Il fut restauré en 2001.
L’ambassade de Prusse a acquis en 1865
un hôtel particulier à
Galata.
L’actuel palais d’Allemagne (ou
palais
des Oiseaux - Kuş Sarayı)
à Ayazpaşsa /
Gümüşsuyu
a été édifié en 1872.
Le palais
Corpi, que l'on trouve aux
Petits-Champs, fut autrefois
l’ambassade des Etats-Unis. Il faisait
office de consulat général jusqu'en
2003. C’est l’architecte Leoni,
originaire de l’île de Sakız (Kastron)
qui est le maître d’oeuvre de ce qui fut
l’hôtel particulier de la famille
levantine Corpi.
Les banques
A la suite de l’installation des
ambassades, Péra devint un site
important ou résidait une population
cosmopolite et très
majoritairement chrétienne latine.
Jusque dans les années 30, la langue la
plus utilisée n’était pas le turc, mais
le
français.
Les rues et les pancartes des
commerçants étaient indiquées en
français. Les
Levantins
faisaient généralement office de
traducteurs auprès de l’appareil d’Etat
ou dans les établissements privés. Les
traducteurs attitrés d’origines
gréco-ottomane, vénitienne ou génoise,
en fonction dans les ambassades
jouissaient d’une grande considération
dans la société. Certains d’entre eux
s’enrichirent au point de faire des
prêts à l’Etat ottoman.
Les célèbres banquiers
résidaient à Péra, comme
la
famille Camondo. Agents de
change et usuriers, les Camondo
s’élevèrent au rang de banquiers, puis
fondèrent leur
propre
banque. La famille émigra en
France avant la fondation de la
République Turque. Les derniers membres
furent déportés dans les camps en
Allemagne pendant la dernière guerre. (Voir
aussi les escaliers Camondo à Galata).
A côté du bâtiment Camondo (Kamondo Han)
à Péra, se trouve un bâtiment qui
appartenait à un autre banquier du nom
de Foscolo. Il attire l’intention par le
fait que les fenêtres de chaque étage
sont d’un style différent.
D'autres familles de banquiers
résidaient encore à Péra, comme les
Baltazzi, Agopian, Mavrocordati,
Christiaki, Zographios ou Zarifi.
Les églises
Péra, encore de nos jours et par ses
nombreux bâtiments
religieux,
est un exemple de tolérance.
Le
temple
protestant de Crimée, rue
Kumbaracı Yokuşu, fut construit pour
commémorer la guerre de Crimée où les
Anglais, les Piémontais et les Français
avaient participé en aidant les
Ottomans.
L’église
catholique Sainte-Marie-Draperis
fut pratiquement reconstruite par les
Franciscains après l’incendie de 1871(architectes
Fossati). Les plaquettes
placées à l’entrée expriment la
gratitude due au calife Abdülhamit pour
les facilités qui leur avaient été
accordées. L’église abrite aussi une
très ancienne icône considérée comme
miraculeuse, représentant la Vierge.
Le
temple
calviniste situé derrière le
palais de
Hollande est le plus ancien
bâtiment protestant d’Istanbul et a été
un centre important pour les
missionnaires protestants. C’est là que
le patriarche orthodoxe grec Cyril
Lukaris adopta le calvinisme. Accusé
plus tard d’espionnage en faveur de la
Russie, Lukaris fut assassiné en 1638 au
su de l’Etat ottoman.
L’église voisine,
Saint-Louis des Français,
est l’une des plus anciennes églises
catholiques de la ville. Elle fut fondée
par les capucins et fait partie du
patrimoine du
palais de
France, tandis que
St
Antoine de Padoue fut fondée
par les Franciscains. Cette basilique de
style italien a remplacé un bâtiment
plus ancien. C’est l’une des plus
grandes églises latines d’Istanbul aux
côtés de la
cathédrale St Esprit à
Pancaldi, édifiée en 1907 par
l’architecte levantin Mongeri. C'est
aussi à St Antoine que pour la première
fois de l'histoire, un pape (Jean
XXII) prêcha la messe en
langue turque.
Près du
palais de
Suède, on trouve encore un
temple protestant. Il est fréquenté par
la communauté grecque luthérienne. Les
Arméniens
catholiques ont aussi leurs lieux de
culte à Péra. La
cathédrale Ste Marie est
entre
Galatasaray et la place du
Taksim,
dans une rue latérale.
Une
chapelle se trouve à
Odakule
et gardait autrefois l’entrée du passage
Karlmann. Une autre église catholique
arménienne importante est celle que l’on
voit de la place du Taksim, derrière le
consulat de France :
Vosgeparan. Les
Arméniens
sont généralement grégoriens. La
formation d’une assez grande communauté
d’Arméniens catholiques est due à
l’influence (missions) française au
milieu du XIXe siècle.
L’église grecque orthodoxe
Aya
Triada (de la Trinité) bâtie
à la fin du XIXe siècle dans un ancien
cimetière près de la place du Taksim,
est sans doute l'une des plus grande de
Péra. Elle vient d'être complètement
restaurée.
St Constantin et Ste Hélène à
Tarlabaşı
a également subi une restauration. Une
autre église grecque orthodoxe se trouve
entre
Galatasaray et les
Petits-Champs (Tepebaşı) :
Panaya
Isadorion.
Une
intéressante église
melkite
se trouve rue Sakız Ağa, au delà du
boulevard
Tarlabaşı.
Cette communauté
arabe
est rattachée à Rome, mais pratique un
rite oriental.
L'église est cependant difficile à
visiter, car des personnes se sont
installées illégalement dans les
bâtiments annexes, par lesquels l'on
peut accéder au lieu de culte. Les
melkites sont encore présents, en
Turquie, surtout dans la région
arabophone d'Antioche.
A Tarlabaşı toujours, rue Karakurum, se
trouve la
seule
église assyrienne édifiée par
la
communauté-même, et bâtie
avec des pierres transportées de Mardin,
centre de la culture assyrienne.
Les
Assyriens (ou Syriens)
parlent l’araméen,
la langue du Christ.
Une autre
église
assyrienne se trouve à Gümüşsuyu,
mais elle est catholique orientale. Le
temple
pentecôtiste arménien côtoie
le temple
évangélique allemand, rue
Emin Camii.
Il existe bien d’autres
chapelles
et églises à Péra,
représentant tous les rites orientaux et
occidentaux du christianisme et
regroupant presque tous les groupes
ethniques
de Turquie.
Les écoles
Les rues ayant accès à l’avenue İstiklal
sont pleines d’écoles fondées par des
étrangers ou des minorités ottomanes.
Certains de ces établissements ont
acquis une très bonne réputation.
L’enseignement se fait dans plusieurs
langues :
français,
italien, allemand,
grec,
arménien.
A noter le
lycée
italien, l’école
Pierre
Loti, le
lycée allemand, le
lycée Zographion, l’école
primaire italienne, le collège
Sainte
Pulchérie, l’Alliance
Israélite, le
lycée
autrichien, le
lycée
Zappion, le lycée
Esayan, etc. Certaines écoles
primaires étrangères furent transformées
en écoles turques dans les années 70.
C’est le cas de l’école Jeanne d’Arc,
aujourd’hui
école du
Taksim. D'autres furent
fermées comme l'école St Eugène à
Çukurcuma
-
Tophane
ou les écoles gréco-catholiques de toute
la ville.
Le
lycée de
Galatasaray est l’un des plus
prestigieux établissements scolaires de
Péra. Il fut fondé en 1868. Bien
qu'étant turc, une grande partie de
l’enseignement se fait en français.
Les hôpitaux
De nombreux hôpitaux étrangers figurent
dans le quartier : l’hôpital Allemand,
l’hôpital
Italien, l’hôpital
Prussien, l’hôpital Pasteur,
l'hôpital
St Louis, l'hôpital
Surp Agop, sont les
principaux exemples de ces bâtiments
construits au siècle dernier.
Les passages et les traboules
Les bazars et caravansérails étaient, au
XIXe siècle, parmi les plus importants
types d’édifices à Istanbul. Les
passages et les traboules, avec leurs
façades décorées, sont des constructions
qui confèrent encore aujourd’hui à Péra
l’une de ses principales
caractéristiques. Parmi les passages
réputés, on peut citer le passage Salvy,
le
passage
Tunnel, qui sont les plus
proches de Galata, puis les passages
Oriental,
de Syrie,
D’Andria, Karlmann, Olivio, Fresco,
Panaya,
Hazzopoulos, Aznavour, Dörob
(d’Europe),
Crespin,
Hristaki,
d’Alep,
d’Anatolie, de Roumélie,
d’Afrique
et la
cité
Alléon.
Le
passage
Hazzopoulos (Hacopulo en
turc), avait été construit par la
famille grecque du même nom, pourtant
une atmosphère italienne domine dans ce
havre de paix. A l’époque beaucoup de
magasins de marque s’y trouvaient
réunis. Encore aujourd’hui, la fameuse
modiste “Madame
Katya” y est toujours
installée.
Plusieurs passages portent le nom des
familles qui les avaient fait
construire: Olivio, Fresco, Karlmann,
Crespin,
Aznavour,
Salvy,
etc.
Les merciers étaient réunis dans le
passage d’Europe (Dörob ou
Avrupa Pasaji) qui réunis l’ancienne rue
des
Petits-Champs (Mesrutiyet) à
la rue de la Scène (Sahne Sokak). Le nom
populaire de “passage des Glaces”, lui
vient des glaces qui séparent chaque
magasin. C’est une copie du passage
Choiseul à Paris.
Les tavernes étaient groupées dans le
passage
Crespin (Krepen) situé en
parallèle. La famille levantine
française bien connue à Istanbul encore
de nos jours l’avait fait construire. Il
a été démoli dans les années 70 pour
être remplacé par un bâtiment
insignifiant. Aujourd’hui ce sont les
bouquinistes qui sont
installés dans ce lieu. Certaines
tavernes renommées se sont déplacées
dans
la rue
Nevizade. C’est le cas de la
fameuse taverne Imroz.
Jusque dans les années 80, le
passage
des Fleurs (Çiçek Pasaji) ou
le passage de Péra occupait une place
importante dans les soirées pérotes. De
nos jours, les tavernes les plus
célèbres d’Istanbul sont installées dans
les rues voisines de Nevizade et de
Sahne. Le passage de Péra fut construit
par un architecte français pour
l’éminent banquier grec Hristaki Efendi.
C'est une copie d'un théâtre parisien.
Les galeries supérieures s’effondrèrent
en 1970 et furent restaurés en quelques
années afin de regagner leurs fonctions.
Il a été partiellement restauré en 2004.
Après avoir dépassé
Galatasaray en direction du
Taksim,
on trouve sur la droite un grand
bâtiment qui abrite le cinéma Atlas.
L’édifice appartenait à Mösyö Köçeoglu,
banquier arménien catholique. Le
passage
d’Alep qui se trouve
vis-à-vis et fut construit par la
famille Hadjar, des Arabes chrétiens
d’Alep. Il a perdu son ancienne
atmosphère à la suite d’une restauration
intérieure complètement ratée. Le
passage
d’Anatolie qui est contigu au
passage Atlas, a été édifié par Ragip
Pacha à l’époque du sultan Abdülhamit.
Clubs et cercles
Les centres culturels et les clubs
fondés au XIXe siècle à Beyoğlu par les
ambassades, les Levantins et d’autres
chrétiens, faisaient en même temps
fonction de centres de divertissements
et d’aide sociale aux déshérités du
quartier. Les concerts, représentations
théâtrales, conférences, bals qui
étaient organisé par la Societa Operaia,
l’Union Française, le Club Suisse, la
Teutonia,
jouaient un rôle éminent dans la vie
culturelle de Péra. Le Cercle d’Orient (Serkldoryan)
était le club le plus élégant de Péra au
XIXe siècle. Les étrangers et les
chrétiens pouvaient devenir membres.
Parmi les Turcs, seuls quelques pachas y
avaient été admis.
Les théâtres
Beyoğlu est encore de nos jours le
centre théâtral d’Istanbul. Un des
premiers théâtre fut fondé en 1840 (Naum)
est fut détruit par le terrible incendie
de 1870. Un autre centre culturel
important : le théâtre des
Petits-Champs qui fut détruit
aussi par un incendie et qui se trouvait
dans le
Jardin
Municipal près du
Péra
Palace. Il fut remplacé par
un horrible bâtiment, dit le “palais”
des Expositions et la télévision
nationale (TRT) vient de lui affubler
les plus déplaisantes couleurs que la
chaîne a pu trouver.
Les théâtres de Péra levaient leurs
rideaux au milieu du mois d’octobre et
poursuivaient leurs performances jusqu’à
la saison d’été où les représentations
de cirques prenaient la relève.
Les hôtels
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, il n’y
avait pas d’hôtels de luxe à Istanbul.
Après l'expérience de Monsieur
Kroeger,
la
Compagnie
des Wagons-Lits entrepris la
construction du second palace de la
ville en 1892 à Péra, pour les voyageurs
de
l’Orient-Express.
Les locaux des Wagons-Lits se trouvaient
juste en face. Le
Péra Palace (Pera Palas)
fut le premier bâtiment équipé
d’électricité à Istanbul. Ce fut dans l’Entre-Guerres,
un haut lieu d’espionnage. Il est
toujours en fonction de nos jours.
Parmi les autres hôtels ou palaces ont
peut citer : l’hôtel d’Angleterre,
l’hôtel de Lausanne, l’hôtel de Byzance,
l’hôtel Bristol, le Tokatlian Palace,
l’hôtel de France et
le Grand
Hôtel de Londres. Ce dernier,
construit en 1892 par la famille
levantine Glavany, est toujours en
activité aux Petits-Champs. C’est le
seul avec le Péra Palace, son voisin.
Prendre un verre au grand salon est
presque une aventure... Le décor
inchangé depuis le début du siècle,
retrace ce que fut la vie à Péra en ces
temps révolus. Les
grands
hôtels d’Istanbul se trouvent
de nos jours, dans le quartier de
Taksim
ou sur le
Bosphore.
Les cafés et brasseries
Les cafés et brasseries du début du
siècle étaient des hauts lieux de
divertissements. Certains existent
encore aujourd’hui, mais la plupart ont
disparu, c’est le cas du café de
Byzance, la brasserie Strasbourg, la
brasserie Suisse, le café Concordia, le
restaurant St-Pertersbourg, la brasserie
Niçoise, le café Nicolo, Chez Vallaury
ou La Rose Noire. Les fameuses
brasseries
Pano (Panayot
Papadopoulos) et Victor Lévy (Viktor
Levi) près du
palais
d’Angleterre, existent
toujours, comme le café du Péra Palace.
Les pâtisseries et confiseries
Les
pâtisseries et les
confiseries étaient fameuses à Péra,
tandis que
Galata
était connu pour ses chocolatiers. On
trouve encore aujourd’hui quelques uns
de ces prestigieux établissements. C’est
le cas du chocolatier Mabel à Galata, la
pâtisserie Inci,
la
confisserie Üç Yildiz, les
pâtisseries Saray, Savoy et Haci Bekir à
Péra.
Autrefois ce sont les pâtisseries
Bourdon, Inci, Balladur, Vallaury,
Lebon qui tenaient le haut du pavé.
Les artistes
Les rues Sofyali et Asmali Mescit,
situées de l’autre côté du
passage
Tünel, représentent un petit
monde en soi. Les façades des galeries
d’art, des bouquinistes et des
antiquaires sont ornées de bas-reliefs
remarquables.
Les
tavernes “roum” Refik
et Yakup poursuivent de nos jours la
tradition de cette rue bohême célèbres
pour la qualité des “meze” que
l’on y trouve.
Les journaux
Le journal “The Levant Herald” édité par
le levantin maltais Mizzi, était publié
dans l'immeuble contigu à celui du
restaurant Yakup. Dans le bâtiment qui
fait le coin du pâté de maisons, logeait
Donizetti Pacha, fondateur de la Fanfare
Impériale (Mizika-i Hümayun), et frère
du célèbre compositeur Gaetano
Donizetti.
Le Narmanli Han ou
passage
des Chats était autrefois le
tribunal russe et abritait aussi les
services consulaires russes. Plus tard,
les peintres les plus en vogue avaient
des ateliers et logeaient en tant que
pensionnaires. De nos jours, le journal
le plus ancien de Turquie,
le “Jamanak”,
est publié en arménien dans
ce bâtiment tandis que le journal
“Apoyematini” est publié en grec dans le
passage
de Syrie.
Les places
Les trois places de Péra sont des plus
animées. La petite place du
Tünel
tire son nom du plus ancien et plus
court
“métro”
au monde, (1871). Il relie Péra à
Galata
et est fort utile dans l’autre sens, car
en le prenant, on évite ainsi la montée
des “Hauts-Trottoirs” – Yüksek Kalderim.
La place de
Galatasaray ou “palais de
Galata” est le noeud central de Péra.
Les nombreux immeubles et hôtels
particuliers qui l’entourent témoignent
de son prestigieux passé et de
l’importance du lieu. De nos jours
encore, cet endroit est toujours animé,
même en été quand les Stambouliotes se
font plus rares et que les écoles toutes
proches sont fermées. C'est aussi au
marché
aux Poissons tout proche que
l'on écoute
les
musiques de la ville.
La place du Taksim qui met un terme à
Péra et où commence
le
quartier du Taksim avec ses
luxueux
hôtels,
tire son nom en turc de “répartition”.
Le petit bâtiment de pierre au toit
pointu à la jonction de l’avenue
Istiklal et de la place du Taksim, était
l’endroit où se faisait la répartition
des eaux vers différents quartiers. La
place du Taksim est aujourd’hui un des
principaux noyaux d’Istanbul.
Les casernes du Taksim
Au nord de la place se trouvait un
cimetière jusqu’à la fin du XIXe siècle
qui fut remplacé par la suite par une
caserne qui fut à son tour démolie dans
la période républicaine et remplacée par
un parc,
tandis que les autres casernes de
Gümüşsuyu
furent affectées à l’Université
Technique d’Istanbul.
L’architecte de Taskisla était un
anglais du nom de Smith. L’ancienne
Faculté des Mines de Maçka
avait été construite sous le règne d’Abdülaziz
en tant que cartoucherie. L’hôpital
militaire a été affecté à
l’armée.
Toujours à Gümüşsuyu, l’hôtel du Parc
(Park Otel), était à l’origine la
résidence de l’ambassadeur d’Italie, dit
le “Baron Blanc”. A son départ, il céda
la demeure au sultan Abdülhamit qui en
fit don à son premier ministre Tevfik
Pacha. Cependant, ses descendants ayant
décidé de se lancer dans les affaires,
la résidence fut transformé en hôtel
commercial. Le Parc Hôtel était un des
meilleurs hôtels de son temps. Il fut
malheureusement démoli en vue de
reconstruire un nouvel hôtel aux
dimensions d’un gratte-ciel. Ce projet
heureusement échoua à la suite des
pressions exercées par les protecteurs
du quartier.
Réalisé par l’architecte italien
Canonica, le monument figurant presque
au milieu de la place du Taksim
commémore la guerre d’Indépendance. A
l’est de la place, un énorme bâtiment,
qui n’est pas une réussite
architecturale, est l’opéra et le centre
culturel
Atatürk.
|
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Madam Marsel
Levantine et pérote dans l'âme
|
Art nouveau à
Cukurcuma
|
L'ancienne caserne de Gümüssuyu (ITU)
Madam Meri
Arménienne et pérote dans l'âme
|
Une ancienne habitante du quartier :
Baronne Valentine von Clodt Jurgenzkbourg
dite Baronne Taskin
| |
Art-Nouveau
En dévalant sur la gauche de la place du
Taksim, on débouche sur l’avenue
Tarlabasi. Cette zone est le
prolongement de Péra, mais n’est pas
aussi richement décorée par rapport à la
Grand’Rue où habitait la haute société.
Tarlabasi fut la résidence des classes
moyennes. Une partie de la population de
Tarlabasi
était au service de la
société de Péra. Les bâtiments qui
flanquaient cette avenue ont été démolis
dans les années 80 par la municipalité
en vue d’élargir la route. Ainsi, ces
bâtiments de style Art nouveau ont
disparu, mais la nouvelle avenue a
permis de faire respirer un peu Beyoğlu
en canalisant la circulation et en
déchargeant aussi bien la Grand-Rue que
les
Petits-Champs. Il reste
encore des immeubles Art nouveau dans
les rues qui rejoignent
Dolapdere
et, de l’autre côté de Beyoğlu, à
Çukurcuma
et
Tünel.
L’un des plus beaux exemples de ce
style, est
la maison
Botter à côté du
palais de
Suède, oeuvre de l’architecte
italien D’Aronco.
Les Pérotes (habitants de Péra)
Beyoğlu a vécu ses années d’or au XIXe
et jusqu’au milieu du XXe siècle. Après
1970, Beyoğlu a commencé à changer
d’identité et ce n’est que depuis les
années 1990 que le quartier a regagné sa
popularité d’antan. Les événements du 6
– 7 septembre 1955 ont contribué à
éloigner les étrangers et les non
musulmans de Péra et du pays. Ils ont
été remplacés par les populations
d’Anatolie, surtout après 1964.
Sa population a en partie changé, mais
on trouve toujours un grand nombre de
Levantins, Grecs, Arméniens et juifs
au milieu d’une majorité, désormais
musulmane
et (ou)
alévie.
Les
Russes-blancs, fuyant la
Révolution de 1917, furent les derniers
éléments qui s’ajoutèrent aux habitants
ottomans de différentes religions et
cultures du quartier. Il reste de ce
temps-là les restaurants
Rejans
à
Galatasaray et le Fischer à
Gümüşsuyu.
Péra – Beyoğlu qui a su attirer dans le
passé des noms tels que Lizst,
Mankiewicz, Mata Hari, Théophile
Gautier,
Pierre
Loti, Lamartine,
Châteaubriant,
Agatha
Christie, Garibaldi,
Casanova, Greta Garbo, Marlène Dietrich,
Hemingway et tant d’autres, continue a
être le lieu le plus attrayant
d'Istanbul où vit une population
cosmopolite.
Sources :
R. Tomaselli 1999 / 2005
et la Fondation d’Histoire Economique et
Sociale de Turquie
Copyright textes, plans et photos
Histoire
de Péra par son architecture
Plan
complet de Péra et Galata
Plan du
métro et du tram à Péra et Galata
Plan du
centre historique d'Istanbul
Plan de
la Grand'Rue de Péra / Istiklal Caddesi
Hôtels à
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Index
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Péra-Sud
ou
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