Galatasaray se situe au cœur du vieux
Péra,
à mi-distance entre la place du
Tünel
et celle du
Taksim,
dans la
municipalité de Beyoğlu. C’est un ancien
nom de quartier qui n’existe plus officiellement
aujourd’hui. Il a été réparti entre les
quartiers actuels de Tomtom, Kuloğlu, Firuzağa,
Hüseyinağa, Kamer Hatun et Asmalımecit.
Habité autrefois, comme la plus grande partie de
Péra, par une bourgeoisie latine, puis par de
nombreux Russes Blancs, de nos jours sa
population est peu nombreuse et socialement
issue des classes moyennes musulmanes. Il reste
cependant des gens d’anciennes souches pérotes,
notamment des arméno-catholiques et des Grecs à
l’est de la place et des Russes Blancs au
sud-ouest. Quelques Grecs catholiques et des
Chaldéens habitent au nord de Galatasaray.

Cliquer pour
agrandir
Plan du nord-est du quartier, le lycée est sur
la feuille no 38. Les noms des rues ont changé,
notamment ceux faisant référence à des familles
levantines (Devaux,
Alléon).
Ont
peut y voir plusieurs passages existants encore
de nos jours :
Cité d'Alep,
Appartements
Keutchéoglou
(Köçeoğlu),
Appartements Christachi
(Cité de Péra),
Cercle d'Orient,
Cité Alléon,
Passage d'Anatolie.
Plusieurs maisons de Levantins sont indiquées :
Appartements Perpignani,
Devaux, Olivo, etc.
Plusieurs écoles y figurent
aussi :
Zographion,
Saint-Michel,
école arménienne, école bulgare.
On y trouve
deux églises :
Ste Trinité,
St Grégoire l'Illuminateur
L’histoire du quartier commence avec la
construction en 1481 par le sultan Beyazıt II,
fils de Mehmet le Conquérant, d’une école
destinée à la formation des cadres civils et
militaires de l’empire. L’emplacement de la
nouvelle « Ecole du Palais » fut choisi à
proximité de la ville de Galata, hors les murs
dans ce qui n’était alors que vignes et vergers.
Selon la légende, le terrain choisi était la
propriété d’un sage nommé Gül Baba, dont la
tombe se trouve rue Boğazkesen (rue Coupe-Gorge).
Cet établissement pris le nom d’Ecole impériale
du Palais de Galata, soit en ottoman : Galata
Saray -ı Humayun Mektebi. En 1868, l’école
devint officiellement le Lycée Impérial de
Galatasaraï
(Galatasaray
Mekteb-i Sultani). Dès 1923-24 le lycée perd
sont qualificatif d’impérial et en 1928, le nom
passe
à
« Galatasaray lisesi »
(lycée
de Galatasaray),
avec
l’adaptation au turc moderne en caractères
latins (öztürkçe).

Grand
incendie de 1876, le
palais d'Angleterre est épargné
Au XVIIIe et au XIXe siècles, plusieurs autres
écoles s’implantent dans le quartier ou
à
proximité :
le lycée grec
Zographion,
l’école française Saint-Michel, l’école primaire
italienne, l’école italienne de Turnacıbaşı,
l’école bulgare (rue
Alléon), l’école grecque de
filles (rue Joseph), l’école anglaise à Odakule,
l’école serbe, l’école française St Joseph et
le
lycée italien à Tomtom,
le lycée français
Papillon (Pierre Loti), etc.
Le quartier de Galatasaray évolue autour de
l’école et dès le milieu du XVIe siècle, la zone
est urbanisée, mais gardant de vastes jardins ou
parcs, la plupart du temps privés, autour des
légations étrangères, des églises, des écoles ou
des demeures bourgeoises.

Levantins de Péra au début du XIXe siècle |

Un dimanche aux
Eaux-Douces de la famille
levantine
d'Albert Barry,
vers 1900 |

Atatürk et la famille
levantine d'Harold Giraud
sur leur yacht,
années 1930 |

Soirée
pérote chez Tokatlian (Tokatlıyan),
années 1940 |
 |

Dames levantines de Péra |

Chiens de rue. L'église
St Antoine sera construite
derrière la
palissade
1905-1906 |

Devant
le palais
d'Angleterre. A droite,
sortie du
marché aux
Poissons,
vers 1910 |

La photo est prise
de l'église
grecque catholique Sainte-Trinité (Aya Triada
Rum Katolik Kilisesi).
Des marins
anglais regardent la rue Hamalbaşı animée de
derrière le mur
du
palais d'Angleterre,
à l'époque leur ambassade. Un prête figure au
centre. Vers 1910-15
Plusieurs incendies ravagèrent le quartier au
cours des siècles et ceux de 1838 et 1876 furent
particulièrement destructeurs. Après cette
dernière catastrophe, l’organisation et le tracé
des rues furent repensés et sont tels que nous
les connaissons de nos jours.
Le point central du quartier est la place du
même nom qui est traversée par l’avenue İstiklal,
autrefois Grand’ Rue de Péra, d’une part et par
l’axe Hamalbaşı et Yeniçarşı – Boğazkesen,
d’autre part. C’était un nœud central jusqu'à
l’aménagement de la zone piétonne dans les
années 1990. La rue des
Petits-Champs,
(Pötişan) part de la rue Hamalbaşı pour dévaler
la pente en douceur de Tepebaşı jusqu'à
l’hôtel-de-ville de Péra à Şişhane, en bordure
de Galata.
L’autre flan de la colline, celui qui regarde le
Bosphore, est plus abrupt. On arrive rapidement
à Tophane, autrefois quartier turc, en passant
devant quelques légations étrangères et des
établissements chrétiens (Tomtom). Sur le côté
gauche en descendant vers le Bosphore, on trouve
d’abord la fameuse « Rue Française », un
ensemble aménagé en 2004, et suivi
du quartier
des antiquaires de
Çukurcuma
avec la belle
rue Faik Paşa (Faikpaşa Yokuşu).
Le nord-est de Galatasaray avait des immeubles
cossus qui entouraient le marché aux Poissons.
Actuellement, c’est la partie la plus délabrée
du quartier même si des efforts (des milieux
privés) ont été faits ces dernières années.
Le principal investissement de la municipalité
dans ce secteur, fut la « restauration » du
marché aux
Poissons
qui fut une véritable
catastrophe. Les travaux ont duré plus d’une
année, interdisant pratiquement le passage aux
clients des échoppes qui furent très affectées
du manque à gagner, ce qui entraina des
fermetures. Ainsi, la municipalité a bien
contribué à la disparition de plusieurs
poissonniers et de plusieurs magasins anciens de
fruits secs (kuruyemiş) et des charcuteries (şarküteri).
Naturellement, les places n’ont pas été perdues
pour tout le monde et de nouvelles échoppes pour
touristes les ont remplacées ainsi que des pubs
qui n’ont plus rien à voir avec le charme
d’autrefois.

Les soirées coquines de
Péra étaient connues autrefois

 |
Heureusement, (mais pour combien de
temps encore?), certains commerçants ont résisté et
il existe encore quelques bonnes adresses comme
la confiserie Üç Yıldız, la charcuterie Şütte ou
Şampiyon, connu pour ses fameuses moules
farcies. Plusieurs primeurs sont anciens aussi
et toujours avec de bons produits, peut-être un
peu plus dispendieux qu’ailleurs, mais d’une
qualité incomparable.
Autre endroit traditionnel où les Stambouliotes
adorent s’y rendre : la rue Nevizade. C’est une
ruelle qui longe le mur d’enceinte de l’église
arménienne
Üç Horan. Elle part du
marché aux
Poissons et s’étend sur une centaine
de mètres seulement. Elle est bordée de tavernes
où les mézès sont rois et le rakı (eau-de-vie de
raisin à l’anis à 45 degrés) aussi. On y trouve
de très bonnes adresses : İmroz, Boncuk, Keyıf,
etc. C’est un haut lieu des soirées
stambouliotes.
Le passage des
Fleurs (Cité
de Péra)
qui
débouche également sur le marché aux Poissons,
est aussi connu pour ses tavernes (meyhane),
mais au fil du temps les touristes ont
principalement remplacé les autochtones.
Deux
autres passages sont reliés au marché :
le
passage de l’Europe (Dörob pasajı ou Avrupa
pasajı), restauré et rempli de boutiques plutôt
intéressantes, et
le passage Crespin
qui a été
reconstruit dans les années 1970 avec le mauvais
goût architectural de cette époque. Il abrite
les bouquinistes sur deux étages. On trouve
d’autres bouquinistes en moins grand nombre au
passage Zographion, sur le chemin du quartier
voisin de
Çukurcuma,
où se concentrent les antiquaires.
D’autres
passages « à la parisienne » se trouvent dans
les environs :
passage Aznavour,
passage
Hazzopoulos,
Cité d'Alep,
passage d'Anatolie,
Cité Alléon,
etc.
 |
Giuseppe
Garibaldi a vécu de 1828
à 1831 à
Péra où il
enseignait l’italien et
le français. Il
influença la communauté
italo-levantine qui
était importante (près
de 40 000 en 1890). En
1863 il fonde la « Società
Operaia Italiana di
Mutuo Soccorso
di Costantinopoli), dont
les locaux sont toujours
à
Odakule. Une
gravure représente une
réception en l’honneur
de Garibaldi au théâtre
Naum, construit en 1848
derrière
le
passage des Fleurs /
Cité de Péra.
Le théâtre Naum fut
détruit par le grand
incendie de Péra en
1876. |
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La Dame
aux Camélias
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Franz
Liszt
donna plusieurs concerts dans la
capitale ottomane où il séjourna
en 1847. Sa résidence
stambouliote, se trouvait dans
le quartier de Péra, près du
palais de France, rue
de Pologne (aujourd’hui Nuruziya).
Pour son escapade
stambouliote, Franz Liszt
abandonna sa maîtresse
parisienne Marie Duplessis qui
décéda la même année. Cette
triste histoire inspira
Alexandre Dumas fils (La Dame
aux Camélias), qui avait aussi
été son amant. Le roman a été
traduit en turc en 1937 « La Dam
o Kamelya ».
Sarah Bernhardt joua cette pièce
en 1904 au théâtre des
Petits-Champs et devant le
sultan Abdülhamid au théâtre
privé de Yıldız.
Le théâtre des Petits-Champs se
trouvait à moins de 200 mètres
de la résidence de Franz Liszt,
en passant par le passage
Carlmann (Karlman Pasajı,
aujourd’hui Odakule). Le passage
était une propriété du célèbre
fabricant de pianos
Carlmann,
concurrent de Comendiger, un
autre fabricant de pianos
qui
avait mis à disposition le
logement de Franz Liszt qui lui
appartenait également.
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Les immeubles de Galatasaray ne sont pas aussi
anciens qu’à
Galata ou dans
le vieux Stamboul (Fatih).
Les premières demeures ont été construites au
milieu du XVIe siècle, mais le grand incendie de
1871 a totalement détruit cette partie de Péra,
faisant table rase du passé urbain. Cela
n'enlève bien sûr rien à la belle architecture
que l'on peut y voir, à commencer par les
nombreuses façades Art nouveau le long d'İstiklal
Caddesi et dans les ruelles des alentours.

Grand'Rue
de Péra / İstiklal Caddesi vers le
passage d'Anatolie
dans les années 1960
Les bâtiments religieux sont nombreux à
Galatasaray. Il s’agit principalement
d’églises :
Üç Horan arménienne grégorienne,
Sainte-Trinité grecque catholique,
temple
protestant Sainte-Hélène, églises catholiques
latines, de
Saint-Antoine de
Padoue et
de Saint-Louis des
Français,
église arménienne catholique
Sainte-Trinité,
église grecque orthodoxe de
Notre-Dame de Galatasaray,
mosquée de Kamer
Hatun, chapelle privée du consulat de Grèce,
chapelle privée de Çukurcuma, ancienne église
latine Saint-Joseph. L’évêché chaldéen qui
utilise l’église grecque catholique pour ses
cultes, se trouve sur Hamalbaşı.
Les légations étrangères présentes dans le
quartier ont de magnifique demeure qu’on appelle
d’ailleurs « palais ». Il s’agit du palais
d’Angleterre à Hamalbaşı et du palais de France
(ou Mezon dö Frans), rue Nuruziya, ex-rue de
Pologne.
Le consulat grec, rue Turnacıbaşı est plus
modeste.
Le quartier étant au cœur de Péra, Galatasaray
est un passage obligé sur l’axe Taksim – Tünel,
par İstiklal Caddesi. Cette avenue voit passer
1,2 million de personnes par jour, jusqu'à deux
millions en fin de semaine. Pas étonnant donc,
qu’il y ait toujours du monde, jour et nuit avec
une forte proportion de jeunes qui magasinent ou
qui sortent dans les cafés, bars et boîtes du
quartier.
Il n’est pas rare de tomber sur une
manifestation quelconque à Galatasaray. Depuis
longtemps c’est un lieu de contestation. Les
manifestations partent souvent de la place du
Taksim pour aboutir à la place de Galatasaray.
Bien que l’offre d’hébergement ait nettement
augmenté ses dernières années, les voyageurs ont
peu de choix sur les hôtels à Galatasaray,
nettement moins que dans les quartiers des
alentours comme Taksim, Cihangir, Tepebaşı
(Petits-Champs), Tünel ou Galata. On trouve
néanmoins quelques hôtels de charme vers
Hamalbaşı (Miapera, Rixos), à Tomtom (Tomtom
Suites) et des appartements vers Yeniçarşı et la
Rue Française. L’hôtellerie bon marché qui
autrefois était aussi nombreuse que douteuse a
quasiment disparu.
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Direction Galatasaray - Taksim |
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Vers 1935. Sur la droite, on distingue
le haut de la fontaine du lycée de
Galatasaray. La première voiture est
devant le passage des Fleurs (Cité de
Péra ou passage Christiaki) qui n'a pas
encore perdu ses deux derniers étages. |
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Vers 1965. Photo prise un
tout petit peu plus haut que la
précédente. A gauche, la première maison
est celle des appartements du Louvre (Luvr
Apartmanı), suivi de la Cité d'Alep (Halep
Pasajı) et du Cercle d'Orient (Serkldoryan). |
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1891. Lycée Impérial de
Galatasaray en 1891 ave la
listes des professeurs et des
disciplines (a droite).
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Le
club de football de Galatasaray

C’est le lycée de Galatasaray qui
créa le club bien connu du même nom en 1907. La
photo montre l’équipe victorieuse du championnat
de 1909.
Assis au centre, derrière le bouclier
(blason), Tevfik Fikret, directeur d’alors de
l’école.
Debout de gauche à droite : Adnan İbrahim
Pirioğlu, Milo Bakic, Ali Sami Yen, Ahmed
Robenson, Asım Tevfik Sonumut, Emin Bülend
Serdaroğlu, Hamit Hüsnü Kayacan, Hasan Fuat.
Assis depuis la droite : Celal İbrahim, Sabri
Mahir, Tevfik Fikret (poète et directeur du
lycée), Hasan Basri Bütün, Bekir Sıtkı Bircan.
Assis parterre à droite : Horace Armitage (le
premier directeur technique du club entre 1908
et 1911). A gauche : İdris Bey.
.
Le Football Club de Kadıköy a été
fondé en 1899 et fonctionna jusqu’en 1907.
Plusieurs joueurs ont rejoint le club de
Galatasaray.
Seuls quelques noms sur cette photo
nous sont parvenus. Debout, 4e depuis
la droite : Aleko Darmis. Assis, 3e
depuis la gauche :
James La Fontaine et 4e
Horace Armitage.

Photo vers 1900 prise par le
studio Th. Servanis, Cadi – Keuy,
Constantinople. Le Football Club Levantin était
d’Izmir.
Il joua contre un autre club levantin
d’Istanbul en 1905. Les noms des joueurs sont :
Edwin Charnaud, Percy La Fontaine,
Albert Whittall, Godfrey Whittall, Edward Whittall,
Donald Whittall, Herbert Whittall, Zarek
Kuyumcuyan, Edouard Giraud,
Jacques Giraud,
Henri Joly.
Merci au site consacré aux Levantins d’Izmir et
d’Istanbul :
http://www.levantineheritage.com
Carte de Turquie
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