Ce qu’on
appelle la Rue Française (Fransız Sokağı ou
Sokak en turc) est un ensemble formé de deux
ruelles piétonnières bordées d’immeubles
commerciaux (cafés, bars, restaurants, hôtels,
boutiques) portant tous ou presque des noms en
français.
Comme son nom ne l’indique pas, il ne s’agit pas
d’un quartier français comme on trouve
à
New-York un Chinatown ou un Little Italy, mais
d’une imitation d’un quartier parisien du XIXe
siècle. Image romantique qui fait oublier la
dure
réalité française d’aujourd’hui.
Le nom initial était rue d’Algérie. Il a
officiellement été maintenu après des
protestations parmi les habitants du quartier
qui dénonçaient l’occupation de l’Algérie et les
massacres d’Algériens commis au nom de la France
depuis l’invasion en 1830 jusqu'à
l’indépendance. Une pancarte installée par
le
consulat de France, rappelle en turc et en
français l’amitié entre les peuples d’Algérie,
de Turquie et de France. Question de calmer tout
le monde.
Avant
Après |
Bien que située au cœur du
vieux
quartier latin de Péra, dans
la
municipalité de Beyoğlu, juste en
dessous
du lycée francophone de
Galatasaray, la rue ne compte pas que
des immeubles historiques. On y trouve
également des bâtiments des années
1960-1970 qui ont été totalement
restaurés afin de leur donner une façade
présentable et souvent avec un style des
années 1920. Une transformation réussie
et de bon goût, même si le but
commercial fait naturellement penser au
système des mall’s américains, ce qui
est sans doute l’idée de départ.
Depuis 2004, les commerces qui y ont été
aménagés sont ouverts. La Rue Française
est une association qui se dit à but
culturel. De ce fait, bon nombre
d’événements ont lieu dans les
établissements présents ou sur la place
de l’Art, seul espace important
disponible dans cet ensemble qui est
partagé par une trentaine de commerces.
Contrairement à ce que dit la publicité,
la Rue Française ne représente en rien
le passé du quartier. Même si autrefois
on parlait plus le français à Péra plus
que le turc ou d’autres langues et que,
comme partout en Europe, le style de vie
à la française était imité à la fin du
XIXe siècle, le quartier n’a jamais été
français. Dans l’apparence de la Rue
Française, il faut y voir une démarche
commerciale et non un pseudo retour aux
sources. |
L’inspiration d’un Paris des années 1900 pour la
création de cet espace est a salué, même si cela
n’a rien à voir avec Istanbul,
Péra ou
Galatasaray. Cela recrée un coin de France telle
qu’elle n’existe plus depuis longtemps, pour une
clientèle stambouliote nostalgique d’un temps
qu’elle n’a pas connu. On peut d’ailleurs
trouver à plus grande échelle, la même démarche
au parc d’attraction d’Epcot en Floride où la
France est représentée un peu de la même façon,
aux côtés de la Norvège, du Maroc, de l’Italie
et quelques autres.
De la poudre aux yeux qu’il fait bon prendre de
temps à autre.
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