Catégorie :
Monuments byzantins
Quartier :
Çemberlitaş
Quartiers voisins :
Beyazıt,
Alemdar,
Binbirdirek
Visite privée du quartier :
Istanbul Insolite /
Caravansérails
La colonne de Constantin est certainement le
témoin le plus visible du changement de religion
dans l’Empire romain au IVe siècle. La fusion de
composantes païennes et chrétiennes dans les
monuments de la Nouvelle-Rome, est une marque
caractéristique de l’empereur Constantin qui
semble s’accommoder de la nouvelle divinité tout
en s’accrochant aux anciennes.
Au centre-même du nouvel hippodrome, par
exemple, il fait dresser la
colonne Serpentine
qu’il a fait venir de Delphes, le cœur des
croissances grecques, où elle se dressait dans
le temple d’Apollon depuis 479 avant J.‑C.
Lorsque qu’il fait ériger une colonne à sa
gloire au cœur de sa nouvelle capitale inaugurée
en 330, il montre encore son estime aux anciens
dieux alors que le christianisme est en passe de
triompher dans l’Empire romain.

Reconstitution du forum de Constantin vers l'an 1000 |

Place de Çemberlitaş |
Haute de 32 mètres (elle est encore de 23,40
mètres de nos jours), la colonne était surmontée
du statue monumentale de l’empereur en Apollon.
Faite de neuf tambours de porphyre (il en reste
six), la colonne elle-même provenait du
sanctuaire dédié au culte solaire de l’Egypte
antique, Héliopolis (ville du soleil). Elle
trônait au milieu d’un forum ovale, entouré de
portiques en marbre, qui était traversé par la
Mese, la Voie Sacrée ou Voie Impériale, qui
débutait à deux cents mètres de là, au
Million
ou Millon (devant
Sainte-Sophie). C’était la
première borne kilométrique à partir de laquelle
toutes les distances de l’empire étaient
calculées. Au-dessus de la borne, on avait placé
une relique qu’Hélène, mère de Constantin, avait
ramenée de Terre-Sainte, un morceau de la Vraie
Croix de la crucifixion.
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La statue au sommet de la colonne était sensée
représenter Apollon, dieu du chant et de la
poésie, mais qui devient au Moyen-Age un dieu
solaire, patron de la musique et des arts. La
tête était couronnée d’un diadème radié,
caractéristique des représentations d’Hélios,
dieu du soleil. Les traits du visage étaient
ceux de Constantin. La statue tenait une lance
dans la main droite et un orbe dans la main
gauche, qui était sensé contenir un fragment de
la Vraie Croix.
Sa base était une sorte de socle de 6 mètres qui
était aussi un sanctuaire où l’on conservait des
reliques chrétiennes et juives sous la statue
exécutée selon la croyance grecque, par la
déesse Athéna, le fameux Palladium de Troie.
Les principales reliques étaient : la cognée de
Noé, des fragments des croix des deux larrons,
les douze paniers de la multiplication des pains
et des poissons, un clou, le pot à pommade en
albâtre utilisé lors du lavage des pieds de
Jésus par Marie-Madeleine.
Constantin en Apollon - Reconstitution
de la statue qui se
trouvait au sommet de la colonne |
D’autres reliques ramenées par Hélène de
Palestine y avaient été placées, puis
transférées dans des églises prestigieuses de la
ville : margelle du puits de la Samaritaine
(église des Saints-Apôtres), la verge de Moïse
(église impériale du Phare,
aujourd’hui au
palais de Topkapı), une trompette de Jéricho
(Sainte-Sophie).
A la base de la statue, une inscription tardive
disait : « Toi, Christ, tu es le créateur et le
maître du monde ; à toi, j'ai consacré cette
ville qui est la tienne, ainsi que le sceptre et
la puissance de Rome. Garde-la, sauve-la de
toute atteinte. »
Suite à une tempête en 1106, la statue et la
partie supérieure de la colonne s’écroulèrent.
Ils furent remplacés un peu plus tard sous
l’empereur Manuel Ier Comnène
(1143-1180), par un bloc de marbre blanc
surmonté d’une croix.
Lors du pillage de Constantinople en 1204, les
Croisés latins ont emportés les cercles de
bronze qui couvraient les jointures des tambours
de porphyre et une partie des reliques.
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Moïse
et sa verge ouvrant les eaux de
la mer Rouge |
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Le Miracle de la multiplication
des
pains
et des poissons sur les bords du
lac de Tibériane
« Il fit asseoir la
foule sur l'herbe, prit les cinq pains et les
deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel,
il rendit grâces. Puis, il rompit les pains et
les donna aux disciples, qui les distribuèrent à
la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et
l'on emporta douze paniers pleins des morceaux
qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient
environ cinq mille hommes, sans les femmes et
les enfants. »
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Après la Conquête, les Ottomans enlevèrent la
croix et firent cercler de métal les joints des
tambours, ce qui a donné le nom turc de la
colonne (Çemberlitaş). En 1779, un incendie
ravagea le quartier donnant un aspect noir au
monument surnommé depuis « la colonne Brûlée ».

Vue de la colonne du côté de Divan Yolu
- 2013 |

-
1940 |

- 2013 |

- 2013 |
Le sultan Abdülhamid Ier fit consolider la
colonne en y ajoutant une base reposant sur le
sol actuel qui est 2,50 mètres en dessus de
celui de l’époque de Constantin le Grand.
Des restaurations ont eu lieu en 1972 et dans
les années 2005-2012.
La colonne de Constantin figure dans la liste du
patrimoine mondial de l’UNESCO.
Autres reliques
byzantines
/ Voir aussi les quartiers de
Çemberlitaş,
Binbirdirek
et
Alemdar

Les 39 quartiers de la mairie de
Fatih
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