Où écouter de la musique du
pays ?
Il n'est pas difficile de trouver un endroit où écouter de la musique. Les Turcs ne
pouvant s’en passer, on entend de partout s’échapper des mélodies. |

L'un des plus célèbres chanteurs
turcs : Dario Moreno |
La diversité musicale est assez
impressionnante, mais en se penchant sur l’histoire de ce pays, on comprend mieux. En
effet, comme l’Empire ottoman s’étendait sur 35 Etats actuels et que Constantinople,
la capitale, avait des représentants de tous ces pays qui habitaient en ville, il est
clair qu’ils n’avaient pas laissé leur culture chez eux. De nos jours, les choses
n’ont pas beaucoup évoluées finalement, puisque la ville est toujours aussi
cosmopolite et que les nouveaux arrivants sont originaires non seulement des quatre coins
de la Turquie, mais aussi des Balkans, du Caucase et du Proche-Orient.
Dans ce melting pot, le folklore s’est assez bien
conservé, mais on assiste aussi à des mélanges étonnants. Ainsi, une évolution
plutôt avant-gardiste donne des sons orientaux bien adaptés à une musique moderne du
genre house ou garage. Ce fabuleux mélange, dont le sens des paroles est tout aussi
superflu que dans la musique anglo-saxonne envahissante, attire les foules branchées dans
des temples de la techno. Ici, on est loin d’une mondialisation dictatoriale ! On
fait de la résistance. |

Dans une Meyhane sur la Corne d'Or
(restaurant de meze)

Tarkan
Le plus connu des chanteurs turcs contemporains


Yasar /
Teoman
deux vedettes de la variété turque
|
Le marché du disque est important
aussi, autant pour les rythmes traditionnels que pour les sons plus récents et l’on
peut estimer que 90% de la musique écoutée est d’origine turque.
La variété turque dite Pop Türk occupe le haut de l’affiche. On l’entend
partout, tout le temps et souvent sans retenue sur les décibels. Elle envahit aussi bien
les ondes que les 268 chaînes de télévision. Inutile de dire qu’on peut l’écouter
également dans les cafés, dans les bars ou dans les boîtes. Dans certains bars,
particulièrement à Beyoglu, des chanteurs amateurs se produisent et répètent les tubes
du moment. On peut assister à des concerts surtout l’été quand les vedettes sont en
tournée. La forteresse de
Rumeli Hisari, le Théâtre de Plein-Air ou la salle Cemal
Resit à
Harbiye, sont des lieux où les concerts sont très fréquents. La star en la
matière est sans nul doute,
Sezen Aksu qui ne se contente pas seulement de chanter, mais
qui compose aussi les paroles des chansons de pas mal d’autres interprètes. Soner Arica,
Sertab Erener, Burak Kut,
Rober Hatemo, Hakan Peker,
Candan Erçetin, Ajda Pekkan, et le
fameux Tarkan, sont des ambassadeurs de la variété turque. |
L’Arabesk. Alors là, on
descend d’un cran. Cette musique, d’influences orientales, est plus appréciée par
les couches défavorisées de la population. On l’entend souvent sur les ondes, mais
aussi dans les dolmus où elle fut interdite du temps des militaires. On peut l’écouter
dans des bars pas luxueux du tout, du côté d’Aksaray, de
Tarlabasi ou dans les bas
fonds d’Istamboul. Il est aussi possible se rendre à des
concerts organisés par la
mairie d’Eminönü, dans le parc du
palais de Topkapi (Gülhane), en été seulement.
Les chanteurs les plus connus sont : Ibrahim Tatlises et Mahsun Kirmizigül. |

groupe "rum" dans une taverne de Beyoglu |
La Türk Sanat Müzigi est une
musique douce qui s’inspire de la musique classique turco-ottomane (Klasik Türk
Müzigi) dont Dede Efendi mort en 1846, fut l’un des grands compositeurs. Des CD
représentatifs : « Asude » de Mustafa Demirci, « Kemâni
Tatyos Efendi » de Kemal Gürses ou « Heybeli’den son Vapur »
de Vasiliki Papageorgiou et Hasan Esen. Zeki Müren fut l’un des premiers à
démocratiser la musique classique et Bülent Ersoy et Muazzez Ersoy chantent des versions
popularisées de Türk Sanat Müzigi. |

Variété grecque (romaine) de
Turquie |
Le Fasil, est une musique enjouée et très élaborée qui a les
mêmes origines que la Türk Sanat Müzigi. Les orchestres sont en principe
tziganes, quelques fois « rum », c’est-à-dire, des Grecs
d’Istamboul. Elle est souvent présente dans les Meyhane (fameux restaurants de meze
et de poisson), comme le Kallavi, le Galata, le Despina ou Ahtepot.
L’expression
Halk Müzigi fait référence à toutes les musiques traditionelles de Turquie, des
Balkans et du Caucase. Les chansons de la Halk Müzigi sont appelées Türkü.
Toutefois ce terme désigne plus couramment les chansons originaires de l’Est du pays,
qui sont jouées au baglama, instrument à cordes dont la caisse est en forme de
poire et à long manche. Exemple choisi : « Baglama üçlüsü »
du groupe Bengi (cassette ou CD) |

Musique arménienne de Turquie
|
Sans pouvoir mentionner tous les
groupes ethnico-religieux concernés, en voici quelques-uns : Le Türkü alévi
est écouté dans les cafés (surtout à
Beyoğlu). Il est interprété par une seule
personne en générale, accompagnée par un seul instrument, le baglama. CD
conseillé : « Yâr baginda » de Mahmut ve Françoise. Le Türkü
kurde raconte souvent des histoires d’amour de façon poétique, en faisant
référence à des héros de légendes kurdes. Vous pouvez écouter cette musique dans
quelques cafés « Türkü » de la ville. Sivan Perwer et sa femme
Gülistan, le groupe Koma Ahmed (Dergüs), l’ensemble Kamkars et Ciwan Haco sont
incontournables.
Vous
pourrez avoir une bonne idée de la mosaïque ethnique de Turquie en vous procurant un des
CD de « Kardeş Türküler» qui contient un mélange de musiques
d’Anatolie (morceaux kurdes, assyriens et arméniens). |

Musique ethnique de Turquie
(kurde, arménienne, assyrienne, yézidi, laze, alévie, etc.)

musique laze (géorgienne de Turquie) |
Le meilleur représentant de la
musique traditionnelle arménienne d’Anatolie est sans doute le groupe Knar qui est
produit aussi chez Kalan Müzik. On sera renseigné sur les lieux de concerts dans les
nombreuses associations arméniennes de la ville.
Les
chants en araméen ou en arabe de la musique assyrienne ou syro-chaldéenne peuvent être
obtenus sur le CD « Süryaniler ».
Pour
les chants pomaks « Pomak Göçmenlerde Müzik ve Pesna », chez Kalan
donne une idée sur la musique de ces Slaves musulmans éparpillés entre la Macédoine,
la Grèce, la Bulgarie et la Turquie. Les chants des Grecs et des Bulgares musulmans sont
repris dans le CD de Sükriyet Tutkun « Arda boylari ». |

Musique arménienne d'Anatolie |
Vous pourrez écouter les chants et la
musique tzigane en participants au
Festival des Tziganes d’Istamboul, qui a lieu chaque
année au début du mois de mai dans le quartier de Ahirkapi (Sultanahmet). Si vous
l’avez raté, vous pouvez acheter une production d’un groupe tzigane de ce
quartier : Ahirkapi Büyük Roman Orkestrasi, chez Columbia.
Les Grecs d’Anatolie et ceux d’Istamboul ont leur propre
musique, soit la Rebetika (Rembetiko ou Rembetika), qui
s’écoute encore dans les tavernes « rum » (grecques) de la ville,
par
Mimi Taverna à
Arnavutköy ou chez Despina à Tatavla-Kurtulus. Les paroles
peuvent être en turc ou en grec, voir « Rebetika 1918 – 1954 », chez
Kalan Müzik.
Muammer Ketençoglu et le groupe Egekumpanya, sont les plus connus. Le
groupe Anadolu Feneri est aussi connu, mais sa musique est plutôt évolutive et donc,
différente un peu de la vraie Rebetika. |

Mimi Taverna à Arnavutköy |
Los Pasaros Sefaradis est un groupe qui chante en judéo-espagnol et le
chœur Aaron Kohen Yasak Maftirim propose le CD « Maftirim ». Le groupe
Egekumpanya a aussi un répertoire en ladino, comme
Janet et Jak Esim.
D’autres groupes chantent en laze (Zugasi Berepe) en zaza (Kahraman Kardesler) ou en
géorgien (Kafdagi Müzik Grubu).
La
musique contestataire, bien présente encore en Turquie, se nomme Özgun Müzigi.
Les noms les plus connus sont Zülfü Livanelli et Ahmet Kaya.
La
musique sacrée occupe aussi une bonne place dans cette diversité turque. Bien sûr,
celle des derviches tourneurs est la plus connue et on peut même assister à des
cérémonies dans plusieurs couvents de la ville. Si vous n’avez pas la chance d’y
assister nous vous conseillons « Ussak Mevlevi Ayini / Mevlana » de
Kani Karaca chez Sera. Le CD « Osmanli Imparatorlugu’nda Müzik » de
Bosphorus, chez Ada Müzik, offre un mélange de rythmes mevlevi sur une musique
interprétée par des bektasi. Par contre le CD « Bektasi Nefesleri »
est une musique typique des derviches bektasi.
Vous
pourrez vous faire une idée de la musique religieuse musulmane classique avec « Divane
Gönlüm » par Sami Savni Özer chez Beya Müzik ve Yapim. |

Musique d'église
(en araméen et arabe) |
Il y a beaucoup de chœurs
d’églises à Istamboul, surtout arméniens et quelques latins. Il sera donc possible de
se renseigner dans l’une ou l’autre des grandes églises, pour savoir si des concerts
sont prévus. C’est sûrement les chants assyriens qui sont les plus touchants dans le
genre. Nous vous conseillons vivement d’acquérir le double CD « Süryaniler »
de chez Kalan. Chants chrétiens en araméen et en arabe. |
Les Yézidis sont peu connus en Europe. Ils vivent à l’Est
de la Turquie et sont généralement kurdes. On les trouve également en Arménie, Iran et
Iraq. Leur musique s’obtient aussi chez Kalan et il y en a quelques morceaux sur
« Dogu » de
Kardes Türküler. Enfin, un mot sur la musique
judéo-soufie, bien vivante à
Edirne et Istamboul où les concerts sont fréquents dans
les synagogues. Le chœur Aaron Kohen Yasak Maftirim, crée en 1999, a sorti un album en
2002 : « Maftirim ». Chants en judéo-espagnol et en turc.
Le
jazz est partout en ville. Non seulement le Festival International de Jazz à lieu chaque
année, mais il y a de nombreuses boîtes jazz comme en témoignent notre carnet
d’adresses. La charmante
Melis Sökmen est l'une des meilleures interprète du genre et
on peut l'écouter régulièrement dans les meilleures boîtes d'Istamboul.
Autre
musique / danse appréciée : le tango. N’appelle-t-on pas parfois Istamboul, la
Buenos Aires du Bosphore ? Les "milogas" se situent en général à
Péra-Beyoglu et à
Kadıköy.
Vous pourrez très facilement assister à un concert de rock turc dans les principales
salles de la ville ou dans certaines boîtes. Les groupes connus sont : Acil Servis,
Ayna, Özlem Tekin,
Kargo et
Mavi Sakal. |
Bar Roxy, Cihangir |
Bar Kemanci, Cihangir |
Bien sûr, tous les
rythmes nouveaux ont pénétré dans les boîtes à la mode et il n’est pas rare d’en
voir quelques-unes qui se sont uniquement consacrées au rap, au ska ou à la techno. On
peut d’ailleurs trouver des mélanges étonnant de musique turque traditionnelle avec
des sons nouveaux. Ainsi la chanteuse Nez et l’une des têtes de ce genre de
musique. Le mélange de trance et de soufie par Mustafa Can est assez incroyable aussi,
« Thunder of the Swords / Sufi Trance », chez Mega Müzik. Dans le
genre, Mercan Dede est de renommée internationale et il a percé aussi bien en Europe
qu’au Canada ou aux Etats-Unis. |
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Copyright. Texte déposé de Rinaldo Tomaselli pour
le guide Night & Day 2003 aux Nouvelles Editions de l'Université, Paris et pour la
quinzaine gastromique et culturelle de l'Impérial Palace d'Annecy de mars 2003. Ce texte
est protégé (dépôt légal janvier 2003).
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