Un mot sur les chrétiens de Turquie
Selon les estimations du gouvernement turc, le
nombre des chrétiens de Turquie serait d’environ
1,5 millions, soit environ 2% de la population.
D’autres estimations font état de sept à huit
millions de chrétiens prenant en compte,
contrairement au gouvernement, les populations
étrangères non déclarées, les réfugiés et les
étudiants étrangers.
Si le nombre des chrétiens de Turquie est en
nette augmentation depuis le milieu des années
1990, il est du essentiellement aux étrangers
originaires de l’Europe de l’Est, du Proche-Orient
et d’Afrique. La majeure partie des pays
limitrophes de la Turquie ou de la région, ont
vu une diminution spectaculaire de leurs
populations (Bulgarie, Arménie, Géorgie, Ukraine,
Roumanie, Macédoine, etc.). Par exemple,
l’Arménie a perdu plus d’un million d’habitant
(sur 3 millions), depuis son indépendance. Un
nombre considérable de migrants s’est dirigé
vers la Turquie, pays qui, avec la Grèce, a le
plus haut niveau de vie de la région.
Le nombre des chrétiens autochtones est stable
depuis les années 90, mais il est néanmoins
difficile d’évaluer avec exactitude ces
populations. La plus grande communauté
chrétienne de Turquie est représentée par les
Arméniens, qui atteignent presque 200 000
personnes (120 000 à Istanbul selon les chiffres
officiels du patriarcat) avec les Arméniens
récemment arrivés de la République d’Arménie,
estimés par le gouvernement turc à 70 000
personnes (à 30 000 selon Erevan).
Dans les communautés autochtones, la diminution
est due aux mariages mixtes et non plus, comme
autrefois, à l’émigration. Les mariages mixtes
avec d’autres chrétiens, des juifs, des
musulmans ou des alévis, conduisent généralement
à l’abandon de la religion quelle qu’elle soit (les
enfants ne sont plus baptisés). Du même coup, la
langue turque devient la seule utilisée y
compris à la maison.
Ainsi les communautés chrétiennes les plus
touchées par ce phénomène sont les Grecs et les
Arméniens. Ces derniers étant encore fort
nombreux à Istanbul, peuvent néanmoins résister,
mais les Grecs sont plus en danger et c’est la
communauté arabophone d’Antioche qui les
soutient numériquement.
Certaines communautés qui avaient presque
totalement disparues, sont actuellement en « renaissance »
grâce aux nombreux étrangers arrivés ces
dernières années et, notamment, les réfugiés
chrétiens d’Iraq et de Syrie. D’autres
communautés sont florissantes comme les
orthodoxes originaires du Caucase ou des pays de
l’Europe de l’Est. Elles se développent dans
toute la Turquie.
L’Eglise latine (romaine) a vu le nombre de ses
fidèles diminuer pendant presque toute la
seconde moitié du XXe siècle. Actuellement, elle
est en nette augmentation, mais il ne s’agit pas
de la multiplication des autochtones, mais d’un
apport énorme des étrangers originaires surtout
d’Afrique, mais aussi d’Asie. L’Eglise ne
comptabilise pas le nombre des fidèles dont une
grande partie est illégalement installée en
territoire turc. Il n’est donc pas possible de
donner des chiffres autres qu’approximatifs,
mais il s’agit certainement de plusieurs
centaines de milliers de personnes dans tout le
pays.
Enfin, les Eglises les plus rayonnantes et en
sans cesse en augmentation depuis les années
1980, sont les communautés protestantes,
généralement non traditionnelles, qui sont
éparpillées dans toute la Turquie et dans les
quartiers les plus inattendus des banlieues
stambouliotes.
L’augmentation des protestants est due à
l’apport des nouveaux migrants originaires
d’Europe de l’Est et surtout d’Afrique, mais
aussi aux nombreuses conversions de musulmans ou
d’alévis de nationalité turque. Les missions
américaines et coréennes sont très actives en
Turquie.
En conclusion, on peut sans complexe avancer que
le christianisme se porte à merveille en Turquie,
même si il existe des difficultés dans la
gérance des patrimoines chrétiens, la
construction d’églises pour certaines
communautés et avec l’administration en général.
R. Tomaselli - 2015
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