Mosquées d'Istanbul

Coupoles stambouliotes
Evolution de l’architecture des mosquées
stambouliotes
L’architecture des mosquées n’a pas évolué de
façon spectaculaire depuis la fin du Moyen-Age.
Les mosquées impériales sont toutes, sans
exception, inspirées de Sainte-Sophie qui fut
pendant presque 1000 ans la plus grande église
du monde chrétien.
Avant de mettre la main définitivement sur la
capitale d’un Empire byzantin moribond, les
Ottomans avaient déjà des édifices religieux
d’importance dans leur propre capitale, Edirne (Andrinople),
mais aussi à Brousse (Bursa) et d’autres villes
de leur empire. Les influences seldjoukides et
byzantines sont visibles dans ces constructions
anciennes.
On ne sait pas exactement à quelle date remonte
la construction de la toute première mosquée à
Constantinople, mais avec certitudes, on sait
quand on en a détruit une pour la première fois.
Les sources byzantines nous révèlent que lors de
la IVe croisade, les Croisés flamands choqués
par la présence d’une mosquée aux environs du
bazar aux Epices actuel, y mirent le feu. Un
fort vent du nord aida à la propagation de
l’incendie et près du 1/3 de la ville
disparaissait ce jour de 1204.
Toujours d’après les sources byzantines, on
trouvait au XIIe siècle, deux mosquées : une
destinée aux fidèles arabes, l’autre aux Turcs.
La tolérance byzantine a laissé la place à la
tolérance turque après la Conquête de
Constantinople (1453).
Le sultan Mehmet le Conquérant, ordonna le jour
même de la prise de la ville, la conversion du
« Temple des temples », Sainte-Sophie. Plusieurs
autres églises subirent le même sort les
décennies qui suivirent.
Dès le milieu du XVe siècle et surtout aux XVIe
et XVIIe, la plupart des sultans se firent
construite d’énormes mosquées n’ayant parfois
rien à envier aux cathédrales d’Europe. Bien que
dépourvues d’éléments figuratifs, les peintures,
les céramiques et les marbres donnaient un
aspect grandiose aux édifices.
Les Turcs ottomans n’étaient pas de grands
bâtisseurs et les Grecs (Byzantins) et les
Arméniens jouèrent un rôle fondamental.
D’ailleurs les mosquées impériales ont toutes
été construites en plan à croix grecque, la
coupole centrale s’appuyant sur quatre demi-coupoles.
Les mosquées de quartiers de moindre importance,
ne possédaient pas de coupole. Il s’agissait en
principe, d’une construction cubique à deux
étages avec un toit à quatre pans. Le rez-de-chaussée
était aménagé en boutiques payant un loyer à la
communauté, tandis que la salle de prière
occupait tout l’étage en dessus. La plupart du
temps les édifices étaient partiellement ou
totalement en bois.
A la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles,
l’architecture des grandes mosquées changea
assez radicalement. Influencés par le rococo
européen, les grands du Monde ottoman firent
construire de nouveaux lieux de culte dans le
style de leurs nouveaux palais. La coupole
centrale était toujours présente, mais moins
élevée et sans demi-coupoles, s’appuyant
directement sur les murs latéraux. La
construction cubique était précédée d’un
exonarthex assez volumineux et s’intégrant
généralement au style « moderne » des nouveaux
quartiers (Teşvikiye).
Les architectes grecs étaient toujours présents,
mais les Arméniens passaient en tête avec la
famille Balyan, dont plusieurs membres ont été
architectes impériaux sur plusieurs générations.
On leur doit de grandes et belles mosquées au
long du Bosphore entre autres.
Les mosquées du début du XXe siècle étaient
moins extravagantes que les précédentes. Moins
volumineuses aussi, les caisses de l’Etat
ottoman étant vides. L’influence italienne se
fait sentir et l’architecte impérial Raimondo
D’Aronco donne le ton dès les années 1890 en
introduisant des éléments Art nouveau dans ses
constructions.
Les premières années après la proclamation de la
République (1923), il n’y a que très peu de
nouvelles mosquées, par contre on en détruit un
nombre important pour élargir les avenues, tout
en épargnant les églises (deux exceptions
seulement à Istanbul). La politique de
désislamisation du pays se voit aussi dans la
pauvreté et le nombre réduit des nouveaux lieux
de culte.
Avec un retour à la religion dans les années
1950 et l’augmentation de la population, de
nouvelles mosquées sont érigées. La rupture avec
le style européen est nette en sans appel. On
revient au plan primitif des mosquées à croix
grecque, à coupoles et demi-coupoles.
L’évolution s’est arrêtée là. On construit
toujours de cette façon dans les nouveaux
quartiers avec de très rares exceptions comme à
Beylikdüzü, Üsküdar ou sur l’île de Kınalı.
Seuls, les minarets ont « progressé » en
s’élevant d’une manière vertigineuse, laissant
ainsi de côté, l’harmonie que connaissaient les
anciennes mosquées avec leurs minarets.
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