Mehmet Han (Mehmed le Conquérant) naquit le 1er
avril 1430 à
Edirne
et décéda le 3 mai 1481 à
Gebze,
près d’Istanbul. Son père était Murat II
(Mourad) et sa mère était Milizza Vaccovichio
dite Hatice Halime, fille d’un despote serbe.
Certaines sources indiquent d’autres dates de
naissance : 1429, 1432.
L’éducation rigoureuse de Mehmet commença dès sa
petite enfance, et fut confiée à Molla Gurani et
à d’autres professeurs comme Aksemeddin, Molla
Yegan, Molla Ayas, Celebizade et Temcidoğlu. A
l’âge de six ans, l’enfant fut envoyé à
Manisa
avec ses professeurs pour l’éloigner de la
capitale et de ses intrigues. Il apprit le grec
et le latin en plus des sciences
traditionnelles, religieuses et orientales.
En 1444, Murat II qui devait faire face aux
Hongrois qui venaient de conquérir Sofia, à la
révolte des Albanais et à la marche des Turcs
Karamanides, fut accablé en plus, par la mort du
prince héritier Alaeddin. Il prit la décision
inattendue de se retirer en laissant le trône à
Mehmet.
En laissant l’enfant âgé seulement de 14 ans sur
le trône, Murat II avait occulté les dangers
venant des Serbes, des Hongrois ou encore, des
Byzantins, qui rêvaient tous de prendre ou de
reprendre des territoires ottomans. Murat II dut
revenir rapidement dans la capitale
Edirne
(Andrinople), mais se retira encore à
Manisa
en décembre 1444, sitôt après avoir remporté la
bataille de Varna, contre une coalition slave.
La question du pouvoir resta assez nébuleuse,
puisque l’empire ne fut pas dirigé tout de suite
par Mehmet II seul, mais conjointement avec son
père Murat II, jusqu’à la mort de celui-ci, le
18 février 1451.
Faisant face à nouveau aux Hongrois d’une part
et aux Byzantins alliés aux Turcs Karamanides,
qui s’étaient avancés jusqu’à Çorlu d’autre
part, Mehmet II, fut tout de suite obligé de
montrer sa puissance aux pays voisins qui
profitèrent de la disparition de son père pour
attaquer de toutes parts.
Les Vénitiens profitèrent eux aussi pour étendre
leurs territoires en Morée et les Serbes prirent
plusieurs places fortes ottomanes, pour se
dédommager du retour de la plus jeune des femmes
de Murat II, la sultane d’origine serbe, Mara.
Perdant des territoires au nord et au sud de la
Roumélie, ainsi qu’au centre de l’Asie Mineure
(occupée par les Karamanides), le nouvel
empereur des Ottomans, fut obligé de composer
avec les Hongrois et les Vénitiens. Le Pape de
Rome, voyant là une bonne occasion d’asseoir
enfin son pouvoir sur la région en éliminant
d’un seul trait Ottomans musulmans et Byzantins
orthodoxes, organisa une coalition de pays
catholiques dont bientôt la flotte devait se
trouver devant
Gallipoli,
ville-clée
les Dardanelles
et de Roumélie*.
Mehmet II, qui préparait une expédition vers
l’Anatolie, su repousser aussi bien l’attaque
des coalisés catholiques que celle des Byzantins
et des Karamanides. Il rentra à
Edirne
et ordonna la construction de la
forteresse de
Roumélie (Rumeli Hisari) sur le
Bosphore.
Il dévoila aussi son projet d’en finir avec
l’Empire romain moribond.
Mehmet II montra sa détermination à agir sans
perdre de temps face aux Byzantin, et en août
1452, il s’approcha des remparts de
Constantinople, en détruisant les champs et les
villages des alentours. Malgré les conseils du
vizir Halil Pacha et de son entourage, Mehmet II
voulait agir vite, et après avoir pris
rapidement de petites places fortes byzantines,
il assiégeait la ville au printemps 1453.
Les querelles byzantines aidant ainsi que l’aide
jamais arrivée des ennemis d’hier, les coalisés
catholiques, la ville n’allait pas résister
longtemps à la puissance du jeune empereur.
Après 53 jours de siège, la ville tomba le 29
mai 1453. L’empereur Constantin XI Dragases
trouva héroïquement la mort en défendant sa
capitale. Dès lors, le monde occidental cria à
la catastrophe : la Ville des villes serait
gouvernée par un empereur musulman. Ce qui
voulait dire aussi, qu’elle ne le serait pas par
le Pape.
Mehmet II, auquel on donna le titre de
“Conquérant”, entra dans la ville accompagné
d’un grand régiment. Dans le premier firman
qu’il publia, il gracia tous les survivants et
leur rendit la liberté de foi et de commerce. Il
prit des mesures sévères pour la protection du
patrimoine culturel de la ville. Rapidement, il
donna un statut aux orthodoxes (plus tard aux
grégoriens) et aux juifs ainsi qu’à la colonie
génoise de
Galata
qui pu conserver ses biens pour ne pas avoir
pris part à la bataille aux cotés des Byzantins.
Pour donner un nouvel essor économique à la
ville de Constantinople, Mehmet II signa en
1454, des accords commerciaux avec les Génois et
les Vénitiens qui étaient déjà structurés sur
place et qui possédaient de puissantes flottes
de commerce. Le problème byzantin étant résolu,
les rapports avec les Latins étant normalisés,
il fallait régler les différents qui opposaient
Ottomans, Serbes et Hongrois en Roumélie et sur
le Danube. Il participa lui même à une campagne
contre Belgrade et sur le Danube, mais ce fut un
échec et il du se retirer. Par contre, en 1456
il prit les îles de Tassos,
Imros,
Ténédos,
Lemnos et Samothrace en mer Egée.
En 1457, il s’occupa des despotes byzantins,
derniers représentants de l’Empire romain.
Dénonçant l’accord qu’il avait signé avec les
Vénitiens, il organisa une expédition vers la
péninsule du Péloponnèse. Prit Patras et
Corinthe et les annexa à la Thessalie qui était
gouverné par Akıncı Turhan Bey.
En 1458, alors que le Pape Pie II intriguait
contre les Ottomans en soudoyant quelques Beys
et en essayant de réunir quelques pays
catholiques, La Serbie attaqua l’empire et prit
les villes de Resava, Kuruca et Osirovis. Le
sultan contre-attaqua et mis fin au royaume
serbe en 1459.
En 1460, Mehmet II organisa une deuxième
expédition vers la péninsule du Péloponnèse,
dont le despote Demetrios se livra. Zağanos
Pacha devint gouverneur de tout le Péloponnèse.
Après cette conquête, le sultan ordonna au Bey
de Crimée de s’emparer de Caffa (Théodosia) afin
d’avoir le complet contrôle sur la mer Noire et
les Détroits et pour mettre fin au commerce des
esclaves que les Génois exerçaient dans cette
ville. Mais le contrôle de la mer Noire passait
aussi par deux villes importantes :
Amasra
la génoise et Trébizonde la byzantine. Ces deux
villes ne faisaient que payer un impôt au
sultan, mais ne faisaient pas partie de
l’empire. Entre 1460 et 1461, il prit les deux
villes ainsi que Sinop qui était sous le
contrôle des Turcs Isfendiyar. Grâce à la prise
de ces villes, les rives anatoliennes de la Mer
Noire furent annexées à l’Empire ottoman. Les
autochtones furent forcés d’immigrer vers
Constantinople et les villes vidées, furent
repeuplées par les paysans anatoliens.
En 1462, Mehmet II organisa une expédition vers
la Valachie où il renversa Vlad III le voïvode
qui fut remplacé par Radul. Puis il se dirigea
vers la Bosnie qu’il acheva de conquérir au
printemps 1463, peu avant de soumettre
l’Albanais Iskender Bey. Mehmet II prit encore
l’île de Lesbos aux Vénitiens (1463),
l’Herzégovine (1465) et reprit la plupart des
terres perdues le long de la frontière
hongroise. En 1466, le sultan arracha Konya aux
Karamanides.
Entre 1470 et 1473, Mehmet II du faire face, pas
toujours avec succès, aux attaques des Vénitiens
sur les villes côtières d’Izmir
et d’Antalya. Venise vint même menacer
Constantinople. Puis d’autres problèmes
surgirent en Anatolie avec les Karamanides et
les Turcs Akkoyun.
En 1477, la Crimée fut annexée, puis ce fut le
tour des rives circassiennes et de Taman. En
1479, Mehmet II s’occupa des frontières
occidentales de l’empire. Il déclara la guerre à
Milan et à Naples et envoya une grande flotte en
Méditerranée. Il prit facilement les îles d’Aya
Mavra, de Kefalonya et de Zanta. Gedik Ahmed
Pacha débarqua dans le port de Puglia et il prit
Otrante, situé au sud de l’Italie, le 11 août
1480.
Mehmet II avait terminé les préparatifs d’une
deuxième expédition vers l’Egypte et s’apprêtait
à partir quand il tomba malade dans son camp
établi à Hünkar Cayırı à
Gebze.
Il mourut, soit des suites de la maladie de la
goutte dont il souffrait depuis longtemps, soit
d’avoir été empoisonné. Il existe différentes
hypothèses sur sa mort, selon lesquelles il
aurait été tué par les hommes de son fils aîné,
Bayezid (Beyazıt), parce qu’il voulait laisser
son trône à son fils cadet Cem.
Son corps, après avoir été embaumé, fut
transporté à Constantinople par Karamanı Mehmed
Pacha et fut protégé dans le
palais de Topkapı
durant 20 jours. Il fut mis dans le tombeau se
trouvant dans le
complexe de Fatih
le 21 mai 1481, le lendemain de l’arrivée au
pouvoir de Bayezid II (Beyazıt).
Mehmet II, dit le “Conquérant” transforma l’Etat
Ottoman en un empire puissant, craint et
respecté.
* La Roumélie est le petit pays des Romains en
opposition au pays des Romains, l’Anatolie.
ARBRE
GENEALOGIQUE DES SULTANS OTTOMANS
Rinaldo Tomaselli Copyright 2004
Sur les bases d'un texte du Ministère Turc du
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