Province d'Istanbul
Municipalité de Silivri
Municipalités voisines :
Çatalca,
Büyükçekmece,
Tekirdağ (Rodosto)
Autres noms connus : Selymbria, Sylibria,
Selubrie, Selubria, Seluvria, Eudoxiopolis,
Σηλυμβρία.
Silivri est le lieu de naissance de Prodicos,
disciple d’Hippocrate.
Les origines de la ville sont assez incertaines,
mais généralement on pense que Selymbria a été
fondée par les Thraces. Plus tard, la ville fut
colonisée par les Mégariens, qui auraient par la
suite, fondés
Byzance.
Vers 410 av. J.C., la ville tombe aux mains des
Athéniens et restera en leur possession,
jusqu’en 343, quand les Macédoniens l’annexent à
leur royaume.
Devenue romaine, Arcadius restaure la ville et
lui donne le nom d’Eudoxiopolis en l’honneur de
sa femme Eudoxia. Elle gardera ce nom au moins
jusqu’au VIIe siècle. En 805, la ville est
ravagée par les Bulgares qui pillent toute la
Thrace. Elle est encore détruite par Godefroy de
Bouillon en 1096, lors de la première Croisade.
Fortifications byzantines vers 1912-1913
(occupation bulgare)
C’est à Selymbria, au palais construit sous
Michel III, que furent célébrées en grandes
pompes les noces de la princesse Théodora et du
sultan Ohran en 1345.
Selymbria sera momentanément occupée par la
République de Gênes, mais sera l’un des derniers
bastions à appartenir aux Byzantins, avant la
conquête de Constantinople par les Ottomans, en
1453.
Dans la période ottomane, Silivri, autrefois
exposée aux invasions, n’a été que momentanément
occupée par des armées étrangères : les Russes
en deux fois au XIXe siècle, puis en 1912 par
les Bulgares et entre 1920 et 1922 par les
Grecs.
Jusqu’aux échanges de population de 1923, la
ville comptait environ 8000 habitants ottomans,
orthodoxes pour moitié et musulmans pour
l'autre. Dès les années 1920, un nombre
important de réfugiés musulmans des Balkans,
vinrent s’y établir, notamment des Albanais, des
Bulgares et des Macédoniens.
La ville
n’a pas gardé beaucoup de traces de sa
longue histoire.
Néanmoins, on peut encore y voir une partie de
la muraille de Justinien, une citerne byzantine,
les restes du palais de Michel III et surtout,
un admirable pont ottoman.
Citerne byzantine (1323-1328 ) |
Ancienne église
bulgare |
La région de Silivri est très fertile, on y
cultive de nombreux fruits et légumes et les
melons, pastèques, gombos et tomates sont
fameux. Plusieurs festivals sont organisés à
Silivri et dans les alentours qui mettent en
valeur ces bons produits du terroir.
Silivri de nos jours
De nos jours, Silivri est une ville de la grande
banlieue d’Istanbul
qui
compte 108 000 habitants.
Elle se trouve reliée à la métropole du Bosphore
par l’autoroute, des bus, des bateaux et par
chemin de fer. Elle est surtout habitée par les
classes moyennes.
Tout au long de l’année de nombreux festivals
ont lieu à Silivri et dans les localités
avoisinantes. Les plus connus sont celui de la
tomate et celui de la lutte à la culotte.
Le tourisme s’y est développé il y a quelques
années déjà, notamment pour le balnéaire grâce
aux plages. On y trouve plusieurs hôtels de luxe
(5*) et un golfe. L’arrière-pays est ponctué de
petits villages, ce qui rend agréable les
randonnées y compris près de la mer Noire ou
vers le lac de Terkos.
Plusieurs projets gouvernementaux menacent
cependant gravement l’environnement, notamment
la création d’une nouvelle ville de 4 millions
d’habitants, la construction du plus grand
aéroport du monde et celle d’un gigantesque
canal reliant la mer de Marmara à la mer Noire.
Naturellement, cette mégalomanie serait
agrémentée d’un réseau routier et autoroutier
qui achèverait la destruction d’une nature plus
ou moins épargnée jusqu'à nos jours.
Mosquée Piri
Mehmet Pacha |
Pont de Mimar Sinan |
Ancienne église orthodoxe Saint-Dimitri
(Aya Dimitri kilisesi) devenue mosquée
en 2012
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Ancienne
église de la Panaya
(Meryem Ana kilisesi),
aujourd'hui mosquée
|
Le
tournoi de lutte
à
l'huile
Le tournoi de lutte à l’huile a lieu chaque
année à la fin du mois de juin ou en début
juillet à Silivri. Ce tournoi est moins
important et aussi moins prestigieux que celui
de
Kırkpınar (Edirne), mais il attire tout de
même des milliers de spectateurs chaque année.
Tout le corps est enduit d'huile |
Huilé, prêt a lutter |
Cette lutte traditionnelle est pratiquée depuis
près de 700 ans en Thrace. Les combats se
déroulent sur l’herbe. Les lutteurs sont
copieusement enduits d’huile afin de limiter les
prises. Ils ne peuvent porter autre chose qu’une
culotte serrée et tenue au genou, en peau de
buffle (parfois en peau de vachette) qui pèse
environ 12 kg.
Le corps étant insaisissable à cause de l’huile,
la culotte est le seul élément de prise en
passant la main par l’intérieur afin de pouvoir
retourner l’adversaire.
En août 2013, le champion de la 652e
édition de la lutte à l’huile de Kırkpınar a été
privé de son titre et de la récompense qui y est
liée (12 000 euros) pour cause de dopage. Le
vainqueur de Kırkpınar s’ajoute à la liste des
31 athlètes suspendus par la Fédération turque
d’athlétisme et le Comité olympique de Turquie
en juillet 2013.
Değirmenköy et
son festival de la Tomate
A quelques kilomètres à l’ouest de Silivri, à
l’intérieur des terres, on trouve le village de
Değirmenköy. Cet ancien village grec n’a pas
d’attrait touristique, mis à part l’église de
1868, un peu à l’écart de la localité vers le
nord, en assez bon état.
Malgré l’air banal de Değirmenköy, on y organise
depuis près de 30 ans le plus grand festival de
la tomate de toute la province d’Istanbul.
Généralement le premier week-end de septembre,
le festival dure sur plusieurs jours et est
agrémenté de concerts et de concours.
Eglise de Germiyan (Değirmenköy)
Le long mur
d’Anastase
(Anastasios Suru / Uzun Sur
/
Ἀναστάσειο
Τείχος / Μακρά Τείχη τὴς
Θράκης)
A 6 km à l’ouest de Silivri se trouvait le point
de départ des fortifications qui couraient
jusqu'à la mer Noire, au lieu-dit Evcik İskelesi
près du village de Karacaköy, sur une distance
de 56 km.
Le long mur d’Anastase tenait son nom de
l’empereur Anastase Ier (491-518) qui le
restaura entre 507 et 512, mais il est certain
qu’il existait déjà pendant le règne de Léon Ier
(457-474).
Le mur était haut de 5,50 mètres et large de
3,30 mètres et était ponctué de tours et de
fortins, précédés de fossés. A peu près au
milieu des remparts, se trouvait un castrum (castro)
ou forteresse dont il reste des traces.
Cet énorme rempart devait naturellement protéger
la capitale de l’Empire romain dont les
murailles de Théodose II élevées en 412, se
trouvent à 65 km à l’Est. Pourtant son
efficacité était limitée par l’ampleur de
l’ouvrage qui couvrait trop de kilomètres pour
pouvoir être bien défendu. Il fallait compter
des heures pour parcourir les 56 km. Il fut
toutefois entretenu jusqu’au VII ou VIIIe siècle
et servait encore de première défense de la
ville au XIIe siècle.
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Un tronçon du mur pres de Silivri
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Abandonné par la suite, les pierres furent
récupérées pour la construction d’autres
bâtiments à Silivri ou dans les bourgs et
villages des alentours.
De nos jours il reste quelques tançons épars du
côté de Silivri et 22 km de muraille depuis
Fenerköy (ancien village de Phanar) à la mer
Noire.
Le mur d’Hadrien (Grande-Bretagne), construit en
122, est la seule fortification monumentale
linéaire en Europe qui est comparable au long
mur d’Anatase.
Un tronçon du mur pres de Çatalca
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Un tronçon du mur pres de Karacaköy,
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Lac de Terkos et
Nouvelle-Istanbul (Yeni İstanbul)
Un des endroits préférés des Stambouliotes pour
un week-end de détente est sans nul doute, le
lac de Terkos qui se trouve à un peu plus d’une
heure de voiture du centre (Taksim).
Miraculeusement, toute la zone autour du lac a
été préservée jusqu'à nos jours. Cela pourrait
bien changer, mais en attendant c’est encore un
endroit rêvé pour les promeneurs, les pêcheurs
et les amoureux de la nature. Les accès au lac
étaient très limités jusqu’il y a une dizaine
d’années en arrière, donc les villages proches
ne se sont pas développés de façon excessive.
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Le lac couvre 39 km2 et est d’une
profondeur d’une dizaine de mètres en
moyenne. Des zones cyclables et des
chemins forestiers sont balisés. Il est
possible de louer des barques, des vélos
ou des chevaux pour découvrir les
alentours. Des aires de pique-nique sont
également aménagées où il est possible
de se restaurer sur place ou simplement
se rafraichir.
Les eaux sont très poissonneuses, on y
trouve en abondance le brochet, la
truite et la carpe. Dans les bois des
alentours, les chanterelles et les
bolets sont courants. La faune est
importante aussi et il n’est pas rare
d’y apercevoir des castors, des renards,
des chevreuils ou des sangliers.
L’hôtel Park à Durusu offre non
seulement l’hébergement, mais il est
aussi possible d’y louer des chevaux ou
des barques et, naturellement, de s’y
restaurer.
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Carte du lac de Terkos |
Projet du nouvel aéroport |
Les nouveaux projets du gouvernement
mettent gravement en danger le lac de
Terkos et ses environs. Si le 3e
périphérique passera désormais à
quelques kilomètres au sud-est du lac,
les travaux de l’immense aéroport à
l’est et le canal reliant mer Noire et
mer de Marmara, n’ont pas encore
commencé. Les travaux d’aménagement de
la nouvelle ville au sud ont eux déjà
débuté, même si pour le moment les
nouvelles zones urbaines n’atteignent
pas encore la proximité immédiatement du
lac.
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En fait, il s’agit surtout de nouveaux
quartiers pas liés avec le projet de « Yeni
İstanbul » qui est une nouvelle zone
urbaine qui devrait s’étendre le long de
la mer Noire entre le lac de Terkos et
Kilyos, dans les municipalités d’Arnavutköy
et d’Eyüp.
Un avenir bien sombre se prépare pour le
milieu naturel de cette région proche
d’Istanbul. |
Projet de la Nouvelle-Istanbul (Yeni İstanbul)
Dans les champs de
Silivri
Plantation |
Arrosage |
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Récolte |
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En fait, ces images n’ont rien à voir avec les
plantations de toutes sortes que l’on peut
trouver dans les alentours de Silivri. Il s’agit
de photos des manifestations qui ont eu lieu au
début du mois d’août 2013.
En effet, Silivri est devenue un haut lieu de la
contestation depuis l’affaire Ergenekon visant à
déstabiliser l’armée et dont près de 300 accusés
sont incarcérés au centre de détention à
proximité de la ville. Le 5 août 2013 plusieurs
lourdes condamnations sont tombées, provoquant
la colère de la population à travers tout le
pays.
Pour éviter les débordements, les autorités ont
limités les déplacements autour de Silivri,
fermant les sorties d’autoroute et bloquant les
autres accès routiers. Les autobus qui devaient
amener les membres des groupes de soutien des
autres villes du pays ont été interdits.
Comme aucune route n’était ouverte à la
circulation même piétonne, les manifestants sont
passés par les champs pour accéder aux abords de
la prison. Ils se sont faits poursuivre par les
gendarmes et la police, et copieusement arrosés
par les chars anti-émeute et gazés.
Carte de Turquie
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Plan du métro
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