Büyükçekmece est une commune de la Grande Municipalité d’Istanbul (İstanbul
Büyük Şehir Belediyesi), indépendante depuis 1987 et qui est dans la grande
banlieue, à l’ouest de l’aéroport Atatürk, à une quarantaine de kilomètres du
centre (Beyoğlu). La
ville compte de grandes zones résidentielles et plusieurs zones industrielles
importantes. Elle s’étend des deux côtés du lac de Büyükçekmece (Grand-Tiroir)
sur une sorte d’isthme délimité par la mer de Marmara.
La municipalité est divisée en 12 secteurs qui sont tantôt des quartiers (mahalle),
tantôt des villages détachés du centre (köy) L’ensemble compte près de 290 000
habitants.
Ces dernières années, Büyükçekmece a connu un développement spectaculaire, comme
la municipalité voisine de Beylikdüzü à laquelle elle est étroitement liée dans
son évolution. Les projets mégalomanes de la Grande Municipalité d’Istanbul
visant à créer une nouvelle ville sur les bords de la mer Noire de quatre
millions d’habitants et un « nouveau » Bosphore reliant les deux mers, devrait
encore bousculer l’évolution de la municipalité de Büyükçekme, si ces folies
arrivent à terme.
Il faut chercher les origines de Büyükçekmece à l’époque antique, quand le lieu
était appelé Athyra (Άθυρα),
Athyros ou Athyrus (Atirus en turc). Il s’agissait d’une colonie rurale de
peuplement grec qui remonte au VIIe siècle avant J.-C. Aux époques romaine
(byzantine) et ottomane, on parle encore d’une petite localité avec des fermes
éparpillées à l’intérieur des terres.
Au XVIe siècle, les Ottomans firent construire par l’architecte Mimar Sinan un
pont reliant les quatre petites îles du delta du lac au continent. Cette œuvre
majeure qui est en parfait état de nos jours, évitait le contournement du lac
sur la route entre la capitale et
Rodosto (Tekirdağ). La construction de
caravansérails permit d’en faire un relais pour les voyageurs et amorça le
développement d’un village du nom ottoman de Çekmece-i
Kebir. Après la guerre Russo-ottomane de 1829, des réfugiés du Boudjak et
de Transnistrie vinrent s’installer autour du lac, puis au début du XXe siècle
ce sont des immigrés des Balkans qui s’ajoutèrent à la population turque de
Büyükçekmece.
Mosquée Sokullu Mehmet Pacha |
Palais des Foires et Expositions
TÜYAP |
A une terrasse de Büyükçekme
(Jean-Claude Vandamme a effectué un
tournage en
2011) |
Manifestation passive contre une guerre en Syrie.
Entrée du métro (2013) |
Métro |
Métrobus en hiver |
Depuis les
années 1950, Büyükçekmece a pris de l’importance et a été un lieu d’attraction
de l’exode rural en provenance d’Anatolie centrale. Les grandes zones non
urbanisées qui entourent le lac et la ville sont évidemment la proie des
promoteurs.
Comme la ville n’a jamais été un haut lieu historique, les constructions
anciennes sont rares. C’est le pont de Mimar Sinan qui attire les férus
d’architecture ottomane, œuvre qui est quand même assez exceptionnelle. Le
caravansérail Kurşunlu et la petite mosquée de Sokullu Mehmet Pacha o3nt
aussi de l’intérêt.
Foire du Livre (TÜYAP) |
Marché nocture sur le front de mer
|
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Le marché
nocture de Büyükçekme est connu pour son artisanat depuis 25 ans. Il a
lieu pendant tout l'été, tous les jours. |
Kumburgaz se
trouve à l’extrême ouest de la municipalité. C’est une station balnéaire
mineure, mais très prisée par les Stambouliotes. A l’époque byzantine, puis à
l’époque ottomane, des familles bourgeoises d’Istanbul avaient fait construire
des résidences pour y passer l’été.
Le village s’appelait
Oikonomeio
(mais on utilisait aussi Koumpourgkaz) et était
habité principalement par des Ottomans orthodoxes (Grecs / Roums), comme la
plupart des villages de la côte thrace de la mer de Marmara. Celaliye
(Exastero), Kamiloba (Ghialousa ou Yialousa) et Selimpaşa (Epibates
dit aussi
Bogados)
sont trois autres
anciens villages grecs de pêcheurs sur la route de Silivri (ex-Selybria).
Tous les habitants orthodoxes ont été expulsés vers la Grèce suite aux accords
d’échanges de populations du Traité de Lausanne en 1923. Installés
à
Thermaikos dans la région de Salonique (Thessalonique / Thessaloniki) et
à
Nea Epibates, leurs descendants y vivent encore. Les populations qui les ont
remplacés venaient eux aussi de la Macédoine grecque, mais étaient de religion
musulmane.
Certains descendants des réfugiés musulmans de Grèce parlent encore de nos jours
dans ces villages, un dialecte grec : le patriotça.
Selimpaşa / Epibates vers 1900 |
Mosquée
à
Selimpaşa, ancienne église |
Ancienne école
à
Selimpaşa |
Messe du patriarche Bartholomée Ier devant la fontaine
de Kumburgaz
|
Plage à
Kumburgaz |
Université Kadir Has
à
Selimpaşa |
Pendant les
Guerres balkaniques des massacres ont eu lieu sur des civiles de ces villages en
janvier 1913. Une commémoration a eu lieu pour le centenaire de cet évènement,
en présence du maire de Büyükçekmece, du patriarche de la Nouvelle-Rome et de
Constantinople et une délégation de l’Association de la Trinité des Réfugiés de
Thrace orientale de Thrermaikos / Salonique. Des descendants de personnes tuées
pendant les évènements étaient aussi présents. La cérémonie a eu lieu au centre
du village de Kumburgaz devant la fontaine de l’ancienne église de l’Assomption
(aujourd’hui mosquée) qui porte l’inscription en grecque
«Δαπάνη της Ιεράς
Εκκλησίας της Κοιμήσεως της Θεοτόκου 1903» (Sainte Eglise de l’Assomption,
1903).
Les localités de Kumburgaz, Celaliye, Kamiloba et Selimpaşa proposent toutes des
plages et des infrastructures hôtelières. Leur proximité avec Istanbul
(moins de 50 km du centre-ville), permet de fréquenter les plages en journée et
de retourner le soir vers la ville.
Projet de la Nouvelle-Istanbul (Yeni İstanbul)