Kağıthane est une municipalité de la banlieue
nord-ouest d’Istanbul qui compte 421 000 habitants (2012) répartis dans 19
quartiers. Elle est limitrophe des municipalités d’Eyüp
à l’ouest, de
Sarıyer au nord et à l’est, de
Şişli au sud. Ces dernières années,
Kağıthane s’est développée de façon effrayante, les collines s’étant couvertes
de tours les unes plus hautes que les autres.

A gauche, la tour Sapphire, la plus haute
d'Istanbul (261 m.). Au centre et
à droite, une partie de
Gültepe.
Au premier plan, la zone verte épargnée est le
ciemetière de Zincirlikuyu
A
l’époque byzantine il n’existe qu’un petit
village au bord d’une des rivières alimentant la
Corne d’Or. Barbisos (ou Barbissos ou Varvissos)
était une localité d’agriculteurs et d’éleveurs
et n’a jamais eu une quelconque importance
historique.
Dès le début du XVIe siècle, les Ottomans
installèrent un moulin à eau pour la fabrication
du papier et nommèrent l’endroit « Kağıthane »
(maison du papier). Aux XVIIe et XVIIIe siècles,
des sultans et des pachas se firent construire
de petits palais le long du cours d’eau (une
centaine). Cet endroit plaisant était appelé par
les Levantins et les voyageurs « les Eaux Douces
d’Europe », en opposition aux Eaux Douces
d’Asie, fleuve qui se jette dans
le Bosphore à
Anadolu Hısar.

Le village d'origine de Kağıthane vers 1880
Après
la naissance de la République, les palais furent
abandonnés et plusieurs ont été démolis dans les
années 1940 – 1950. Laissant encore quelques
ruines visibles ci et là, de nos jours. Seule,
la jolie mosquée Aziziye demeure en parfait état
au bord des eaux qui ne sont plus douces depuis
longtemps.
En effet, le nom est trompeur de nos jours. Il
est très loin le temps où l’on passait son
dimanche à pique-niquer sur les rives ou à se
balader en barque en admirant les jolies
demeures planter dans la campagne verdoyante…

Pique-nique du dimanche aux Eaux Douces |

Eaux-Douces et kiosque du sultan |

Le kiosque impérial de
Mir-i Ahur Köşkü |

Le palais de Poligon Sarayı |

Les
collines se sont couvertes d’immeubles à loyers
modérés tous plus laids les uns que les autres
avec des hauteurs qui font penser à la banlieue
berlinoise, le côté est naturellement, avant
1989. La banlieue dans toute son horreur
architecturale, inhumaine.
Le fond de la vallée est resté plus ou moins
vert, avec quelques jardins publics et un parc
d’attraction, qui sont entourés par les
immeubles, ce qui donne plus envie de fuir que
d’y flâner. On dirait d’ailleurs que les gens du
gouvernement l’ont compris, puisqu’ils ont
sortis de derrière les fagots, un projet
ahurissant (comme d’habitude) qui devrait encore
accentuer le « cachet » du quartier. Il faut
dire que le bras droit ou plutôt la main armée
du gouvernement en matière de construction et
(surtout) de démolition, est l’entreprise TOKİ.
Elle a couvert le pays de constructions
staliniennes depuis quelques années, n’hésitant
pas à défigurer tout ce qui peut l’être.

Mosquée Aziziye aux Eaux Douces (1863) |

Parc des Eaux Douces |

Fond de la vallée et le 1er périphérique |

Une rue de
Gültepe, sur les hauteurs |

Centre commercial Kanyon |

Le nouveau visage de Kağıthane (2013) |

Boulevard de Büyükder
Les
quelques ruines restantes des palais des Eaux
Douces d’Europe appartenant au domaine public,
ont été récemment vendues à des promoteurs
privés qui comptent y construire des buildings
dans le style TOKİ.
Le
centre de la municipalité (Merkez), où se
trouvait il y a 500 ans le village de Barbisos,
n’est en fait pas du tout au centre de la
commune, mais complètement à l’ouest. Le centre
géographique se trouve sur les collines et est
formé des quartiers de Çağlayan, Gültepe,
Harmantepe, Çeliktepe et Ortabayır. Ce sont ces
derniers avec Kuştepe et Gülbahar voisins de la
municipalité de
Şişli au sud, qui se sont le
plus développés avec la construction de tours
énormes, une sorte de centre d’affaires et de la
finance.


Le
palais de Justice « le plus grand d’Europe »
comme aime le rappeler le gouvernement AKP, est
ouvert depuis 2012 dans le quartier de Çağlayan,
au milieu des échangeurs autoroutiers. Une sorte
de verrue géante qui cependant, ne dépareille en
rien dans l’environnement déjà effroyable.
Kağıthane n’est pas une exception dans sa
croissance rapide, dans l’agglomération
stambouliote. Son exception tient dans la
construction (qui se poursuit) de ses immenses
tours proches de quartiers plus ou moins
centraux de la municipalité de
Şişli.
Dorénavant, on les voit de partout et surtout du
Bosphore, ce qui a définitivement changé la
physionomie de notre ville.

Le "palais" de Justice (İstanbul Adliyesi)
- Çağlayan |

Le "palais" de Justice (İstanbul Adliyesi)
- Çağlayan |

Hall du palais - Çağlayan
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Arrosage du parc du palais de Justice (l'été 2013 était chaud) |
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... mais certains gardent l'humour |

Tour Sapphire
En
1955, Kağıthane comptait 3 084 habitants
regroupés dans un village sur la route de
Kemerburgaz et dans quelques maisons éparpillées
dans la campagne. En 1953, des lotissements pour
les déshérités et victimes des incendies, ont
été construits dans les futurs quartiers de
Çağlayan et Hürriyet. Dès les années 1960,
Gültepe, Çeliktepe, Ortabayır et Harmantepe
commencèrent à se développer. La municipalité
comptait 318 000 habitants en 2005, soit une
augmentation de plus de 100 000 habitants en 8
ans. En large majorité les habitants sont
d’origine provinciale, particulièrement de l’est
et du sud-est de la Turquie.
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Les terrains restés sans constructions
sont devenus rares dans les années
1990-2000 et les promoteurs ont commencé
de racheter les maisons et les petits
immeubles pour construire des tours à
bureaux à la place. Le phénomène s’est
amplifié depuis 2007 pour arriver à des
proportions inattendues en 2012-2013.
Les constructions continuent de plus
belle, surtout du côté de Sanayı, zone
plus ou moins épargnée jusqu’ici.
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Carte de Turquie
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Plan du métro |