Gaziosmanpaşa est une banlieue rouméliote
d’Istanbul surpeuplée, morne et sans intérêt.
C’est avant tout une cité-dortoir qui a connu le
plus fort développement en 40 ans. Elle est
passée de 20 000 habitants en 1960 à plus d’un
million en 2007.
Aucune autre banlieue n’a connu un accroissement
aussi rapide. Dans les années 1930, toute la
zone était pratiquement inhabitée (un peu plus
de 3 000 habitants en 1935). Seuls quelques
villages de réfugiés musulmans bulgares ou
crétois parsemaient la campagne. De 1951 à 1955,
les Macédoniens arrivèrent en nombre important
pour faire passer le nombre d’habitants à 18
000.
C’est surtout dans les années 1960 à 1980 qu’une
masse de gens originaires des provinces
orientales et principalement composée de Kurdes,
vint s’installer.
L’explosion démographique aidant, on arrivait en
1990 au chiffre extraordinaire de 393 000
habitants pour franchir en 1997 la barre des 650
000, puis le million en 2007 où l’on divisa la
municipalité avec la création des mairies d’Arnavutköy,
Sultangazi et Başakşehir. Gaziosmanpaşa compte
de nos jours 460 000 habitants (2012).

Années 1970 |

Centre-ville |

Temple alévi (Cemevi) |

Evolution de l'urbanisation de la
province stambouliote |
Inutile de préciser que les problèmes sociaux
suivirent l’accroissement de la population,
accentués encore par les différentes ethnies et
religions qui s’y côtoient. Certains quartiers
de Gaziosmanpaşa sont peuplés de Kurdes,
d’autres, de gens de la mer Noire (Kastamonu),
certains d’alévis comme à Gazi, quartier où il y
a régulièrement des heurts entre la population
et les autorités, parfois violents.
Délaissés par une municipalité débordée et par
un pouvoir méfiant, certains de ces quartiers
sont devenus de vrais nids de révoltes sociales
et urbaines, d’autres, des nids d’intégristes
religieux (déformistes). Les groupes les plus
extrémistes trouvent un écho favorable auprès
d’une population pauvre et souvent peu éduquée
ayant un fort sentiment d’injustice vis-à-vis du
pouvoir.
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