Quartier de
Kumkapı -
Mairie : de Fatih
(Eminönü)

Sa Béatitude Mesrob II Mutafyan
Depuis 1461 l’Eglise apostolique arménienne est
représentée et reconnue d’abord par l’Etat
ottoman, puis depuis 1923, par la République de
Turquie.
Son nom officiel sous la République est : « Patriarcat
arménien d’Istanbul ».
En 1461, c’est le sultan Mehmet le Conquérant
qui octroie aux Arméniens une autonomie non
territoriale dans le cadre du système des
« Millet ». Le patriarche est le représentant et
le chef de la communauté grégorienne. Les
affaires sociales, religieuses, éducatives ou
civiles, y compris la levée des impôts, sont du
ressort de l’institution dirigée par le
patriarche.
L’autonomie des Arméniens était la seconde
accordée par les Ottomans, après la « Nation
Romaine » (les Grecs orthodoxes) en 1453.
Le patriarcat arménien (grégorien) étendait son
pouvoir sur d’autres communautés chrétiennes
orientales et sur les Arméniens catholique et,
plus tard, les Arméniens protestants. La plupart
de ces communautés furent reconnues autonomes
surtout à partir du début du XIXe siècle.
Parfois, l’autonomie d’une communauté pouvait
entraîner des heurts avec les fidèles du
patriarcat grégorien, comme ce fut le cas à plus
reprises avec les Arméniens catholiques dans les
années 1820-1830. Les troubles ayant provoqué de
nombreuses victimes catholiques et des
mouvements migratoires, le sultan reconnu
l’autonomie des Arméniens catholiques en 1834 et
celle des Arméniens protestants quelques
décennies plus tard.
Les origines de l’isolement de l’Eglise
apostolique arménienne par rapport aux autres
chrétiens, est à voir dans le Concile de
Chalcédoine en 451. Les Arméniens n’y ayant pas
été invités, eurent du mal à reconnaître les
conclusions de l’Eglise Universelle.
L’Eglise arménienne décida d’abord de suivre
l’Eglise Universelle, puis au Ve siècle passa
sous l’influence du patriarcat d’Antioche qui
n’avait pas reconnu les conclusions du Concile.
L’Eglise arménienne se distança d’Antioche les
siècles suivants tout en évitant la mainmise de
l’Eglise nestorienne d’Iran et de l’Eglise de
Constantinople. Elle devint complètement
indépendante avec un patriarcat majeur à
Eşmiadzin (Etchmiadzine), lieu de résidence du
grand Catholicos.
Lors de la séparation de l’Eglise arménienne des
aux chrétiens, la population arménienne se
concentrait surtout entre les lacs d’Ourmia, de
Van et de Servan. Toutefois, de nombreux
Arméniens vivaient également plus à l’ouest de
l’Asie Mineure, dans tout le Caucase et dans
l’Azerbaïdjan iranien. De petites colonies se
trouvaient en Crimée et au Proche-Orient. Dans
les territoires conquis par les musulmans la
pratique religieuse des Arméniens ne posait pas
de problème. En revanche, dans les territoires
byzantins ils étaient considérés comme
hérétiques et les églises étaient interdites.
Pour les Arméniens des territoires restés
byzantins, la Conquête de Constantinople par les
Ottomans, suivie quelques années plus tard de
leur autonomie, furent une véritable libération.
En 1461, le sultan fit saisir un monastère et
une église aux Grecs dans le quartier de Samatya
pour y installer le nouveau patriarcat arménien.
Avec le même procédé (confiscation aux Grecs),
le patriarcat arménien a été transféré à Kumkapı
en 1641.
Le bâtiment actuel ne date que de 1913 et fait
office de résidence officiel du patriarche
d’Istanbul. C’est un haut bâtiment en bois
contenant des appartements privés, des bureaux
administratifs, des salles d’étude et de réunion.
Il se situe juste en face de la cathédrale
Sainte-Marie des Blachenes.
Le patriarcat a en charge uniquement les
affaires religieuses depuis la proclamation de
la République, sur le territoire turc et sur
l’île de Crète, pour une population déclarée
d’environ 120'000 Arméniens grégoriens selon les
chiffres du patriarcat. Celui-ci s’occupe
néanmoins des Arméniens étrangers estimés à un
peu moins de 100'000 en Turquie. Les Arméniens
catholiques et protestants, qui forment environ
10% de tous les Arméniens, ne dépendent pas du
patriarcat.
Malgré les nombreuses spoliations effectuées
jusque dans les années 1980, le patriarcat
possède encore 38 églises, des écoles et de
nombreux biens immobiliers à Istanbul. Il est
aussi propriétaires de biens en Anatolie et
d’églises dans des villes d’où se trouvent de
petites communautés.
La majeure partie des Arméniens des territoires
turcs actuels a été déportée ou massacrée
pendant la Première guerre mondiale (1915) par
le pouvoir ottoman. La République Turque
reconnaît les massacres et exactions commis par
les Ottomans, mais refuse de leur donner un
caractère génocidaire. Cette position n’altère
toutefois pas les relations entre le patriarcat
et le gouvernement.

Patriarche et dignitaires devant le palais patriarcal de Kumkapı / Photo :
www.lraper.org

Eglise patriarcale de Kumkapı |

Dames arméniennes aux Rameaux
|

Ancienne
chapelle Vortvots Vorodman
devenue le
centre culturel
Mutafyan
|

Ecole arménienne Bezciyan
|

Annonce de l'Eglise
arménienne Ste Marie - 1965 |

Société Philharmonique
Knar de Koum-Kapou
(1910) |
Cathédrale grégorienne Sainte-Marie des
Blachernes
Surp Vorodman Ermeni Gregoryen Katedrali
L’église
Saint-Théodore qui se trouvait à cet emplacement
à l’époque byzantine a été confisquée à la
communauté grecque orthodoxe par les Ottomans
afin d’en faire l’église patriarcale des
Arméniens en 1641. Jusque là, l’église
patriarcale arménienne se trouvait dans le
quartier de Samatya, un autre lieu de culte
confisqué aux Grecs pour les Arméniens.
L’église a subi une succession d’incendies en
1645, 1717, 1768 et 1826. Autant dire qu’il ne
reste rien de la construction d’origine.
En 1828 un nouveau complexe religieux put
s’ouvrir au culte. Il était composé de trois
églises et de trois chapelles. La principale
église, Sainte-Marie au centre est flanquée de
Sainte-Croix à gauche et de Saint-Vortvots
Vorodman à droite. La chapelle Sainte-Arthur est
adjacente à l’église de la Sainte-Croix, tandis
que la chapelle Sainte-Théophanie est à côté de
Saint-Vortvots Vorodman. Autrefois l’église des
Archanges avait été construite derrière
l’ensemble, mais a été démolie plus tard.
Actuellement l’église principale qui fait office
de cathédrale est utilisée pour la messe, tandis
que l’église de la Sainte-Croix est utilisée
pour les baptêmes et autres occasion. L’église
Saint-Vortvots Vorodman avait été fermée pendant
la Première guerre mondiale. Elle a été
restaurée et ouverte au public en tant que
centre culturel en 2015.
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