Aya Triada Rum Kilisesi
1882
Quartier
Taksim
/
Cihangir
-
Mairie de Beyoglu
Cette grande église est étonnante par
son architecture qui n’est pas conventionnelle
aux autres lieux de culte grecs.
Un petit chemin pavé traverse un jardin
broussailleux d’où on peut admirer la façade
sculptée. Deux grands clochers montent vers le
ciel et donnent sa particularité à l’ensemble.
C’est une des premières églises construites avec
un dôme après la levée de l’interdiction. Les
sultans avaient réservé ce style d’architecture
aux seules mosquées jusqu’à la fin du XIXe
siècle. L’intérieur a été restauré complètement
au début des années 2000. On peut y admirer de
très belles icônes dont quelques-unes sont très
anciennes.
Les rivalités entre les chrétiens d’Orient et
les Latins de Péra étaient très fortes,
atténuées quand même par l’éloignement des
quartiers. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les
seuls Orientaux vivant à Péra ou Galata, étaient
des membres catholiques des Eglises orientales.
Si les cultures étaient différentes, la fidélité
à Rome les unissait plus ou moins.
Le développement de Péra fini par attirer aussi
des non catholiques et au début du XIXe siècle,
une petite et discrète communauté grecque
orthodoxe était présente dans les extrémités de
Péra et aux alentours de la place de
Galatasaray.
En 1804, les Grecs réussissent à obtenir de la
part du gouvernement, un permis de construire
pour une église à proximité du lycée impérial de
Galatasaray. L’église Notre-Dame de Péra de
l’époque est de petite taille et dissimulée
derrière des maisons appartenant aux Grecs.
Pourtant, elle symbolise la nouvelle présence
des orthodoxes au milieu des Latins et cela va
encourager l’installation d’autres Grecs à Péra.
Au cours de la première moitié du XIXe siècle,
le nombre de Grecs va passer de 150 personnes à
1200. La majorité des nouveaux venus s’installe
entre Galatasaray et Taksim, les plus pauvres,
du côté de Tarlabaşı, où ils obtiennent en 1855
le droit d’ériger une nouvelle église qui sera
inaugurée en avril 1861 (Saint-Constantin et
Sainte-Hélène).
Le cimetière orthodoxe de Péra se trouvait sur
un vaste terrain acheté par les Grecs en 1672 et
où se trouvait également un petit hôpital ouvert
en 1780, à côté de l’hôpital français
Saint-Louis et de l’hôpital prussien.
L’hôpital grec fonctionna jusqu’en 1836, puis
fut transféré à l’extérieur des remparts de
Constantinople, à la porte de Belgrade. L’actuel
hôpital des Poissons (Balıklı Hastanesi),
fonctionne toujours.
Le cimetière orthodoxe était divisé en deux
parties. Au nord, les Grecs et au sud, les
Russes, Roumains, Serbes et Bulgares.
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Dès 1860, les Grecs de Taksim
commencèrent à réclamer une église, prétextant
l’éloignement des deux églises orthodoxes
existantes. Le terrain de l’hôpital et du
cimetière pouvant tout à fait convenir pour
édifier le nouveau sanctuaire. En 1862 les
orthodoxes de Taksim érigèrent un mur autour de
leur terrain ainsi qu’une chapelle en bois
dédiée à Saint-Georges.
La nouvelle municipalité de Péra, dirigée par
des Latins, avait elle aussi des vues sur ces
terrains pour y aménager un espace public et
profiter d’élargir la Grand’Rue de Péra qui
aboutissait au Taksim. Lorsqu’au début 1865 une
épidémie de choléra frappa la capitale ottomane,
la municipalité de Péra profita de l’occasion
pour ordonner le transfère des cimetières des
Grands Champs vers le nord, dans la zone de
Şişli qui n’était pas encore urbanisée.
Ainsi, la municipalité de Péra pouvait récupérer
les anciens cimetières et après un désaffection
complète, les transformer en zone constructible.
Les Grecs ne l’entendirent pas tout à fait de
cette oreille et renouvelèrent leur demande de
construction d’une église au gouvernement
ottoman.
Enfin, l’autorisation impériale (firman) est
accordée en avril 1865 et la pose de la première
pierre a lieu au mois d’août de la même année.
Si les Grecs s’étaient imposés à la municipalité
latine en obtenant un firman, ils leur
manquaient les fonds nécessaires pour la
construction. Malgré les dons de familles
fortunées et des souscriptions publiques,
l’église Sainte-Trinité n’a été inaugurée qu’en
septembre 1880 par le patriarche Yoakim III.
L’achèvement de cette grande église encouragea
une fois encore l’installation de nombreux
orthodoxes dans le quartier, particulièrement le
long de la rue Siraselviler et la zone de
Cihangir. Entre 1880 et 1914 la communauté
grecque orthodoxe de Taksim-Cihangir connait un
incroyable développement. Plusieurs écoles sont
ouvertes, dont celle immédiatement à côté de
l’église Sainte-Trinité, l’école de filles
Zappeion.

Ancienne vue de l'église Aya Triada et de
l'école Zappion |