Pangilis Konağı
Quartier de
Gümüşsuyu
- Mairie de Beyoğlu
Cette résidence tout en bois fut celle de la
famille des banquiers Pangilis. Elle fut
construite en 1904 et surplombait le
Bosphore.
Dès 1921 le gouvernement japonais la loua afin
d’en faire son ambassade. Elle fut achetée en
1928 et est utilisée comme ambassade jusqu’en
1937, puis comme consulat.
La bâtisse a été rénovée en 2012 et est utilisée
régulièrement pour des expositions organisées
par le centre culturel japonais.
La mission diplomatique japonaise est présente
en Turquie depuis 1890.
Le rapprochement des deux empires commence en
1878 quand un émissaire japonais est envoyé dans
la capitale ottomane et est reçu par le sultan
Abdülhamid II. Les années suivantes plusieurs
personnages japonais de haut rang sont reçus au
palais de Yıldız. Ainsi en 1881 le prince Kato
Hito est reçu et en 1887 le prince Komatsu
Akihito. Des accords commerciaux et militaires
sont signés des échanges de décorations ont lieu.
En 1888, les Ottomans décident d’envoyer une
délégation au Japon pour affermir les échanges
diplomatiques et remettre la plus haute
décoration à l’empereur.
Le 14 juillet 1889, la frégate Ertuğrul quitte
Istanbul à destination du Japon, avec 57
officiers et 607 marins. Le capitaine est
l’amiral Ali Osman Bey. L’itinéraire prévu doit
faire passer la délégation par le canal de Suez
et Djeddah et quitter l’Empire ottoman à partir
du Yémen vers l’océan Indien.
Le bateau devait se rendre d’abord à Pondichéry,
puis Calcutta, Singapour, Malacca, Saigon,
Hong-Kong, Shanghai, puis Nagasaki et enfin
Yokohama. Le retour était prévu au mois
d’octobre de la même année.
Plusieurs avaries, dont certaines eurent lieu
avant même de quitter les territoires ottomans,
entraînèrent un retard considérable. Le bateau
arriva finalement à Yokohama que le 7 juin 1890,
soit onze mois après son départ d’Istanbul.
Les Japonais accueillirent en grandes pompes la
délégation ottomane. Des échanges de décorations
et de cadeaux eurent lieu en présence de
l’empereur et de l’impératrice. Le séjour dura
trois mois, ponctué de cérémonies et de
réceptions, mais aussi de maladies, et douze
marins en moururent.
Le 15 septembre 1890, la frégate Ertuğrul quitta
le port de Yokohama et entama le voyage du
retour. Le 16 septembre une tempête se déclencha
et le mât se brisa. Pendant quatre jours
l’équipage tenta l’impossible pour empêcher
l’eau de pénétrer dans les cales, tout en
essayant de ramener le bateau vers le port de
Kobe, à une dizaine de kilomètres. Le bateau
continua à dériver et le 18 septembre s’échoua
contre les rochers de l’île de Kii Oshima.
Dans le naufrage, 533 marins et l’amiral Ali
Osman Pacha trouvèrent la mort. Seuls six
officiers et 63 marins survécurent. Ces derniers
furent rapatriés vers l’Empire ottoman et
arrivèrent au mois de janvier 1891 dans la
capitale.
Un cimetière ottoman a été aménagé près du
village de Kushimoto, non loin du lieu du
tragique naufrage. Un monument commémoratif y a
été élevé et un musée sur l’expédition a été
ouvert en 1974. Des commémorations ont lieu tous
les cinq ans en présence des plus hauts
dignitaires du Japon et de la Turquie.
Cette triste histoire a eu un effet de
rapprochement entre les deux empires qui
nouèrent des relations diplomatiques suivies.
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